SAMEDI
7 octobre 2006
dans le cadre du cycle Animation : Régis MOULU Auteures
invitées :
Thème :
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- "Tekmo'o" d'Angeline LAUNAY - "L'homme brun" de Karine LEROY - "La langagière" de Claudine VUILLERMET - "Le zoulou des bars" de Rémi DANO - "Eros au pays du sable" d'ARGOPHILHEIN - "Blink, le passeur des mots mal aimés" de Régis MOULU "Que vivent les mots" d'Aurélie BOCCARA - "Pas capable de la toucher" de Janine BERNARD -
Nuit, tambours, odeur du feu, feuillages, brise tiède, lune pleine, visages luisants, bouches entrouvertes, blanc des yeux, corps statufiés, sourires enfuis, terre dure et sombre, intentions imprévisibles, cœurs d'airain dans leur cage de chair, leur geôle d'éther… La planète bruisse de mille chuchotements, les lèvres tremblent au village des mains tendues, à des lieues de Yaoundé. Là-bas, j'ai abandonné ce que je croyais posséder. Là-bas, j'ai égaré mes bagages. La rage s'est évanouie pour laisser place à la peur inconnue. J'ai pris la bienveillance pour de l'hostilité, l'indifférence
pour de la cruauté… Quelle méprise ! Me suis assise sur le sol dur et
sombre. Dure est la chute, noir le désespoir, " métallique " la " lune
éclatante et magique ", austère " le roi " plié " sur ses jarrets de
fer ". Me suis brisée de fatigue, assoiffée de vérité. Hurlons à la folie, mes frères de la nuit. Chauffons-nous au charbon des nos invraisemblances. La montagne reste invisible à nos regards embués. Nos cœurs… martelés au rythme des tams-tams… Tam tam dans mes idées! Et moi qui croyais m'être égarée… Voici que se dissipent les doutes, que se résorbent les obstacles des pistes. Seule demeure la peur intrigante : elle irrigue mes veines… nouvelle lymphe sans laquelle se dessèche l'organisme… Je la nomme " peur ". Certains l'appellent " sœur ", d'autres encore " courage " ou " oiseau-tonnerre ". La peur engendre la conscience, elle se dissout dans les ruisseaux du cœur. Ici, je ne connais personne… seulement la Corolle qui m'a indiqué ce coin de terre, une Carole du Cameroun… elle m'a soufflé à l'oreille : " le jour où tu voudras t'échapper de ta civilisation, viens me retrouver dans la mienne, à Tekmo'o, au village des mains tendues. Pourquoi ce nom, lui ai-je demandé ?... - Parce qu'autrefois, pour traverser ces terres, il fallait payer un tribu. Et, lorsque les mères n'avaient rien à offrir, elles devaient abandonner un enfant en échange de leur passage. Ainsi imploraient-elles leur autorisation en tendant leurs mains vers le chef de village. Impitoyables mœurs… rappelant inlassablement le sol si dur, si sombre, à moins qu'il ne s'agisse du reflet de la lune sur le tranchant des lances. Depuis des semaines, j'ai mal à un doigt, l'index, qui pointe ou signale… l'index prophétique du Baptiste. Curieusement, c'est dans le noir que l'on y voit plus clair. Le blanc, gage d'illusoire pureté, dissout les couleurs. Le silence capte la peur, le tam-tam la détruit. Vers qui tendre mes mains dans le village des mains tendues ?... Ce que j'espère trace un réseau de méandres qui se ramifie entre des rives feuillues. Dans la plaine que j'ai traversée, j'ai aperçu des arbres étranges dont le tronc nu est surmonté d'une ombrelle de branches enchevêtrées, ourlées de leur chevelure d'un vert profond. Que sont ces arbres ? - Et, lorsque je m'interroge sur le nom des végétaux, il n'y a souvent personne sur l'instant pour satisfaire ma curiosité. Un jour, je me consacrerai à la recherche des mots nouveaux car là où je me trouve, je suis déjà ailleurs… Partie pour retrouver l'enfant endormi entre les pattes d'un loup… Cet enfant fugueur regrettait de n'avoir pu goûter au mille-feuille du pâtissier mélancolique… Souvent, je pense à lui… Est-ce à cause du loup, du regret ou du mille-feuille… Non, j'imagine l' enfant, et peut-être aussi le pâtissier mélancolique. Dérangeante tristesse qui, même ici, au cœur de nulle part, me taraude au point de négliger la peur mais également la froideur toujours de la terre. Carole, la Corolle, me sourit avec une sollicitude qui me laisse démunie comme un enfant qui dort… entre les pattes d'un loup. Les hommes sont assis. Les femmes aussi. Debout, ils auraient de l'allure. Au sol, leurs formes paraissent informes. Ils ressemblent à des petits tertres d'où s'échappent les fleuves du paradis sous l'apparence de rubans qui pendent à leur taille et flottent au vent lorsqu'ils marchent. Accroupis en cercle autour d'un feu, les voilà comme des collines qui entourent un cratère rempli de lave rougeoyante. Ils méditent. Enfin, c'est ce que je suppose. Je leur prête cette force, cette détermination qui réveille les peurs. Même tassés sur eux-mêmes, ils affichent une fierté millénaire. Confrontée à ces caractères de braise, je me sens dépourvue de consistance. Les affronter relève d'un défi que je relève cependant. Leurs certitudes dansent à la lueur des flammes affolées. Au bout du monde, je me demanderai encore ce que j'y fais. Tous les maux, dit-on, viennent de la peur sur laquelle se précipitent tous les mots tant de fois répétés… Comme l'enfant, j'aurais voulu goûter au mille-feuille du pâtissier mélancolique. La fièvre d'un enfant brûle en nous. Mais il arrive que cette brûlure s'apaise dans le sommeil de l'enfant endormi entre les pattes du loup.
"L'homme brun" de Karine LEROY, conteuse invitée Touk Mok Lek Devant moi, il y a un homme, un homme brun, torse nu,
la peau épaisse comme l'écorce d'un arbre. Je me réveille en sueur dans ma chambre pleine d'ombres nocturnes. Le soleil n'est pas encore levé, le tic tac du réveil me ramène dans mon quotidien. Je me rendors avec l'image de l'homme brun collée à l'esprit. 9 heures ! Je suis en retard. Je m'habille en vitesse
et je me précipite dans la rue. J'ai raté mon bus. Je me mets à marcher,
à courir à travers la foule compressée d'hommes en costume-cravates…
Touk Mok Lek Chhhh
"La
langagière" de Claudine VUILLERMET, dramaturge
invitée - Si tu étais… Je ne parle pas, il disait. Alors faisons le point. Babel ou pas, ça parle. Je ne parle pas. Il disait. Ca parle. Ca chante. Ca sonne. Ca résonne. - La. La. Je ne parle pas. Si j'étais… L'autre… Une autre.
"Le zoulou des bars" de Rémi DANO Nous entrons dans un petit bar isolé, une petite bicoque
en bois, ancrée au coin de la rue. La porte fait " gling-gling ". Nous
pénétrons dans un autre monde. L'ambiance y est bruyante, moite et colorée.
L'odeur de tabac nous pique le nez. Nous dépassons des groupes d'autochtones
qui s'activent dans l'épais nuage de fumée qui remplit la cabine. Le plus dur reste à faire : nous trouver une place. Nous louvoyons entre les hommes serrés comme des sardines, à la recherche de l'îlot désert. C'est à ce moment que la musique commence, rythmée et même divinement endiablée. Ca frappe sur les tam-tams, ça tape sur les pianos de bois. Les discussions s'éteignent dans l'assemblée. Le public se tourne vers cet orchestre de pacotille et s'en va bon train vivre la musique avec lui. On frappe dans ses mains, on tape des pieds, on agite la tête comme si on était possédé. Malgré nous, le rythme nous saisit sur le chemin. Cependant, nous devons restés concentrés sur notre objectif et la découverte de la table vierge. Notre vigie fait mouche : nous trouvons près de la fenêtre une petite table ronde et épaisse d'essence tropicale. Nous nous asseyons et continuons dans la musique frénétique nos discussions entamées dehors. Mais nous ne nous comprenons plus. Nous ouvrons et fermons la bouche au rythme des tambours ; nous parlons le " tam-tam "… La musique est trop forte, la musique est trop folle, nous lui cédons tout. Nos discussions cessent et nous écoutons bientôt nos silences danser plus que de raison avec les guerriers de l'Afrique. Derrière nous, il y a un homme. Il est vieux. Il est laid. Il se tient voûté sur son ballon, son gros nez bouffi par l'alcool lévitant dangereusement au-dessus de son nectar. Le pauvre diable fait tâche dans ce décor des îles. Je le regarde. Il regarde son verre. La musique me fait entrer dans un état second tandis que le personnage me captive. Je ne peux détourner mon regard. L'un de mes amis le dévisage à son tour. Un second le suit et ainsi de suite si bien que nous le contemplons tous maintenant. Il approche ses gros doigts velus de son verre dont il
enserre délicatement le pied. La musique continue de donner le rythme.
Le verre se lève. Quelques centimètres d'abord et la musique continue
: " TAM-TAM-TAM-TOUM, TAM-TAM-TAM-TOUM " et le verre se lève encore.
Nous contemplons tous la scène, bercés par la musique et captivés par
ce ballet improbable. " TAM-TAM-TAM " et le verre reprend sa course.
Il tangue de droite à gauche. Les gens continuent de hurler en frappant
des mains dans notre dos. Encore une envolée rythmique et le ballon
s'élève de nouveau en dansant, " TAM-TAM-TAM-TOUM ". La musique, la bouche, le rythme, le verre et son bord qui vient se déposer sur les lèvres charnues de notre capitaine sans navire. Il relève le coude avant de basculer son menton piqué de barbiches blanches et crasseuses et de se pencher en arrière avec extase. Son gosier danse en rythme et lorsqu'il s'arrête c'est la musique qui cesse et la salle entière qui sort de la transe. Le silence se fait peu à peu. Lui rabat son verre plus vite qu'il n'est monté. Et toc, voila, c'est terminé ! Nous revenons à nous, troublés, pendant que l'hédoniste solitaire mâche goulûment ses gencives, les yeux dans le vague. Ce soir c'était lui : lui le guerrier tribal, lui le força de la nuit, lui le zoulou des bars. Nous nous tenions devant une force de la nature, un monstre d'aplomb et de volonté, et il nous fallait maintenant de longues minutes pour revenir à nous.
"Eros au pays du sable" d'ARGOPHILHEIN Mon crayon est un organisme vivant qui veut parler. Long cylindre de bois peint qui loge en son corps une mine, il est rigide entre mes doigts, agile dans son adhésion au papier, court impétueusement sous le flot de mes pensées sur la feuille lisse et blanche qui m'effraie. Va-t-il suivre ce flot, sera-t-il assez rapide pour subtiliser mes pensées au vol ? Course effrénée que je ne peux contrôler, qui m'échappe et que la mine tente d'arrêter en collant sur le papier quelques signes cabalistiques, pour lecteurs initiés. Les idées entrent et sortent, font un perpétuel va-et-vient entre la pensée et la parole, un lien tout à la fois continu et discontinu entre le corps et l'esprit, comme l'eau du fleuve qui n'est jamais la même. Ces borborygmes intellectuels : ingurgitations, déglutissements, régurgitations, éructations de pensées composent une rengaine de miasmes sonores qui déclenchent en moi un piteux état pathologique d'écriture. Mon corps pense. Il veut écrire. Est-ce un état de transe ? Une métamorphose ? Une catharsis ? Une époché ? Où suis-je ? Dans le désert, plus exactement dans les dunes de Merzouga au sud du Maroc. Deux jours de chameau, route habituelle pour les deux bêtes qui suivent docilement le chamelier le long des crêtes de dunes juste assez larges pour poser leurs sabots. Je n'en mène, moi, pas toujours large, mais je suis bercée par ce pas régulier qui secoue nonchalamment ma croupe, rythme érotique à souhait. Le passage à travers les dunes est un brin audacieux, mais combien alunissant. Je suis ailleurs, dans une immensité de grains de sable accumulés en collines aux crêtes très escarpées, d'où je domine un panorama chaudement coloré de blonds, roses, ocres, pourpre doré pour le soleil du soir. Nous faisons une pause. Assise, puis allongée dans le sable, je m'enlise. Mon corps creuse les grains qui se déplacent, je me love dans un espace meuble et dur tout à la fois. Je n'ai plus qu'à me cambrer par petits coups de rein très furtifs pour avancer de plus en plus dans un au-delà du monde où mon coeur, semble-t-il, est arrêté, craignant de perturber ma quiétude. Je ne veux plus, je ne souhaite plus être rien que ce corps logé dans un habitacle souple qui l'épouse à la perfection, qui ne demande rien, n'attend rien, EST simplement. J'éprouve alors un état de certitude bienheureuse d'être, un moment de volupté intense, où tout est aboli, sauf le bonheur d'être. La pause est finie. Nous abordons ensuite le désert noir, désert volcanique où les scories sont recouvertes de fossiles à perte de vue. La jeune routarde allemande qui fait ce bout de chemin avec moi s'attarde à les ramasser méthodiquement. La nuit venue, nous campons et dînons chez une famille de bédouins, fermiers du désert : un chien, trois poules, deux chèvres constituent la basse-cour et le troupeau. Tempête de sable la nuit : nous intégrons tous trois un minuscule bâtiment en briques et torchis de sable, plus exactement la niche des animaux. J'entends dehors les deux chameaux pleurer : tous les animaux quand ils pleurent émettent des sons plaintifs, peureux, angoissés. Mais point de chamelier dans notre abri. Le matin, point de chameaux non plus : ils se sont fait la malle ! Où était le chamelier dans ce so few men's land ? Dans la tente caïdale d'à côté, où quatre jolies touristes espagnoles faisaient un jeu de reconnaissance avec quatre guides marocains sentant le musc et la cannelle. En somme, l'auberge espagnole en plein désert, version vol de nuit. Comme notre chamelier était un bon marcheur, quelques kilomètres plus loin il retrouva ses bossus et nous reprîmes le chemin du retour à travers les dunes qui s'étaient déplacées du fait de la tempête. Quelques hésitations, et hop, superchamelier nous ramène au bercail, malgré sa soirée bien arrosée. Nous étions en période de ramadan. Mais Allah, bien souvent, concentre ses regards sur les villes où tant de mécréants fréquentent les lupanars. Alors, dans le désert, rien à craindre !
"Blink, le passeur des mots mal aimés" de Régis MOULU, animateur de l'atelier " Araignée, Et chacun lui en donnait, Blink, Il ne voyait toute sa vie que dans les bouteilles, Il est là, Je le vois avec peut-être dix bouteilles, Je ne pourrais pas mettre ses vêtements,
"Que vivent les mots !!!!" d'Aurélie BOCCARA Toujours des mots, encore des mots, comme disait Dalida
au charmant Alain Delon. Apparemment il ne lui a pas dit les " bons
mots " car cela ne l'a pas touchée. Mais est-ce-la faute de ces fameux
mots ? Des mots, oui des mots. Mais des maux de tête, des maux d'amour ou des mots d'amour qu'on jette sur un papier car on ne peut pas déclarer sa flamme à son amoureux ou à son amoureuse, comme diraient les enfants. Les enfants d'ailleurs, ne sont-ils pas les premiers à nous lâcher des mots " nouveaux ", mais ces mots ne sont-ils pas tout simplement les mots que papa, maman, papy, mamie, tonton, tata… leur ont dit, du style : alors " dis maman ", alors " dis papa ". Je m'arrête là, car la liste serait trop longue et risquerai de vous ennuyer, voire de vous assommer. Et les proches qui s'inquiètent : mais quand est-ce qu'il ou elle va parler. Il ou elle n'est pas sourd, ou sourde au moins ! On fait des tests : non, il ou elle se retourne quand on l'appelle, ou quand on fait du bruit. Oh Joie ! Les mots, le langage, la parole sont un passeport indispensable
pour la socialisation. Quelqu'un me racontait une fois qu'il était beaucoup
plus facile pour un non-voyant de communiquer que pour un sourd et muet.
De plus, quand on écrit, enfin en ce qui me concerne, on écrit avec sa chair et son sang, comme un sportif pourrait dégouliner de sueur, eh bien moi, je pense qu'un écrivait pourrait dégouliner des gouttes de sang. Serait-ce un suicide maquillé ? Je n'ai pas assez de connaissances sur la question pour en parler, mais je crois que je m'égare… Je pense tout simplement que lorsque l'on écrit, on y met toute son âme, et ça a un côté jouissif….On espère faire plaisir à l'autre, bien sûr, le lecteur, mais avant tout, on se fait plaisir (de la le terme de jouissance) et c'est super égoïste finalement. On écrit dans son petit coin ; c'est sûr qu'on a envie que ce qu'on a écrit va plaire mais au fond de soi, on est bien content d'avoir bien " travaillé " et ceux qui me réfuteront cela, et bien ce sont des menteurs. Je l'ai déjà dit auparavant, en écrivant on se fait plaisir, mais on a aussi de faire plaisir au lecteur, au public en général. On est dans un mécanisme de projection, d'imaginaire ; on rejoint là le monde du rêve. Il y a des gens dont le rêve c'est d'être clown, et il y en a d'autres dont le rêve c'est d'être écrivain (e) : chacun son truc ! Il y a dans les mots, un sous-entendu, à vouloir tout expliquer, comme si les mots étaient les clefs d'un labyrinthe. Pourquoi dit-on souvent : je cherche mes mots. Cela veut-il dire qu'on les a perdus, comme de vulgaire clefs, c'est ridicule. Car en fait, dans sa tête, dans son imaginaire, dans sa pensée, l'homme ou la femme ne les a pas perdus ces mots. C'est juste dans le concret que les mots ont disparu. Cela voudrait-il dire que l'imaginaire est moins important que le concret, pour être concis. Je sais : ce que je tente de vous expliquer est un jeu " tirer par les cheveux ", mais je pense que cela se tient. Quelle prétentieuse je fais ! En gros, moi, mes clefs, mes mots, mes souvenirs et mes rêves, je ne les oublie jamais. Ils sont dans ma petite tête. Et vous savez, même dans une petite tête, on peut en mettre des choses !!!!! Autre chose : pourquoi certains mots sont oubliés ou " mal aimés " ? Je pense qu'ils renvoient à certaines choses et faits concrets que les hommes n'aiment pas à se rappeler. Par exemple, le nazisme, on ne peut pas dire que c'est un mot qu'on aime prononcer. Mais, ne pas en parler serait en quelque sorte lui donner toute sa raison et " presque " sa " légitimité ". Il faut en parler aux générations à venir qui à leur tour en feront de même. Le mot, même " mal-aimé " se perpétuera ; je dis bien le mot, sa signification… mais j'ose l'espérer pas de " faits concrets " en découleront. La conclusion est la suivante : il ne faut pas exclure les mots oubliés ou les mots " mal-aimés " . On dit du célèbre tableau exposé au Louvre, Mona Lisa de Léonard de Vinci, qu'en fait c'est le peintre lui même qui s'est peint : ce serait donc un autoportrait. Je pense qu'on peut faire le parallélisme avec l'écriture et la littérature en général : en effet dans un livre, que ce soit une biographie, un roman, des nouvelles, l'écrivain se cache finalement derrière ses personnages : timidité maladive, angoisse de la page blanche, honte, …. Quoiqu'il en soit l'auteur en " fuyant " ainsi ses " responsabilités ", ne se révèle-t-il pas encore plus. Il fait peut-être son coming out ! Pas sûr ! A travers ses personnages, il joue avec eux, mais aussi avec nous, ce qui est notamment le cas dans les romans policiers. C'est sans doute là que se fait la rencontre entre le désir de l'écrivain (avide de trouver le coupable) et celui du lecteur. L'écrivain, l'auteur, le réalisateur d'un film, le metteur en scène d'une pièce de théâtre, jouent avec nous, avec nos émotions, au gré de son humeur, de son talent, de son temps, ….. et nous pauvres spectateurs on est quoi dans tout cela… Je pense que comme l'a dit David Yon, donner l'impression (…….) d'une avancée vers l'inconnu serait pour ma part bien sûr la meilleure et la plus juste définition de ce qu'est le travail d'un écrivain. Tout à l'heure, je parlais de mots oubliés. J'ai oublié de dire que ce sont souvent des mots qui font peur, et dont on évite de parler par " superstition " (par exemple). Il y a des mots qu'on ne dit pas dans un lieu saint, devant un(e) mort(e), en présence de certaines personnes…. Une idée me vient comme cela, et oui c'est ça d'être un écrivain de génie, célèbre et reconnue, telle que moi (humour, humour, hi, hi, hi) !!!! Il n'y a pas de fin, de mort pour les mots, puisqu'ils finissent tous dans des livres (et que nous ne sommes pas dans le film terrible Fahrenheit 451, si ma mémoire est bonne, ou sur Internet et là aussi, on ne brûle pas les ordinateurs. Tandis que l'écrivain, il écrit des livres, il a du succès
ou pas, et puis peut-être s'en fiche-t-il ? Mais, quand sonne le glas
? What's happening ? Mais à part ses livres, que reste-t-il de lui, à l'état brut, parce que son âme, pour ma part, on s'en fout un peu….. C'est injuste : les écrits restent et l'écrivain disparaît.
"Pas capable de la toucher"'de Janine BERNARD Elle a des rayures noires et jaunes et ses ailes bougent
tellement vite que je sens presque du vent. Elle ne bouge plus. Elle ne mange plus la confiture. J'aime
bien ce mot zigomar. C'est normal qu'on l'appelle "zigo - mar". Il est
de la même famille que grand-père. Quand grand-père veut manger, il
dit à grand-mère : Jacquot pense que je pourrai jouer avec lui cet après-midi,
seulement si je touche la bestiole qui maintenant, se lèche les antennes.
Ce sont de grosses guêpes qui sont dans la cour de la ferme. Elle habitent
tout en haut du toit de la grange et quand il fait très chaud, elles
rentrent partout, dans nos chambres sous les greniers, dans la cuisine.
Jacquot m'a pris le doigt et il avance, doucement, doucement.
Jacquot est parti se réfugier près de la niche du chien
sous les coups de torchon de grand-mère mise au courant. Et moi je renifle
dans le pantalon de velours de grand-père. |
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Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet ! |