Ci-après
quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):
- "La photo
de famille" de Christiane FAURIE
- "Lettre ouverte
à Monsieur le Maire" de Nadine CHEVALLIER
- "Devoir de français"
de Janine NOWAK

Philippe CHAUVIN incarnant un texte encore rouge
de sous-entendus... (coll. Janine NOWAK)
"La
photo de famille" de Christiane FAURIE
C'est fou ce que le temps passe !
Regarde, oncle Jacques, " nuit grave " et " alcool tue " réunis ! Certes,
il a le cigare bien rouge mais n'empêche, il a mis de l'eau dans son
vin. il discute littérature avec la sauterelle. Enfin, tu vois de qui
je parle !
Elle a sombré démago malgré son passif prolo. C'est la reine margot
façon virago dorénavant.
L'autre jour, dans le métro, elle a abordé un genre tube d'homéopathie
Boiron bourré de granules à l'extérieur. Elle lui a trouvé " un charme
fou ". J'pense plutôt que sa carte de visite lui a plu !
Et la tante Marthe ? Concessionnaire Michelin à elle toute seule. C'est
stupéfiant ce que la promo canapé vous propulse du canada dry à la bière
pression.
Du talent, elle en a….., enfin sûrement…demande à Jean-René, le patron
de la société Heineken.
Par contre, le cousin Henri, il s'est tout chiffonné. Il lui manque
le lait dans la pâte à crêpes. Il est trop accro au vélo. Il finit par
pédaler dans la semoule !
Il ne lève jamais la tête du guidon, ça lui nuit.
Enfin, heureusement que sa sœur Rosy elle a…,enfin, elle est…mmm… C'est
une gentille fille. De l'eau fraîche dans le désert !
Et là ta grand-mère… Je l'ai connu bouquet de violettes et aujourd'hui…c'est
un pot de chrysanthèmes. Moins rafraîchissante mais très recherché pour
l'inauguration de la tombe du soldat inconnu.
Ah, avant elle était…, quand je l'apercevais, j'en étais tout…
Enfin bref, c'est fou comme le temps passe !
Ton arrière grand-mère, feu ma belle-mère, comment dire…
Tu ne l'as pas connue mais elle savait galvaniser les foules à vous
donner la chair de poule.
Sèche comme un coup de trique, les pavillons longs comme la route de
Compostelle et ses yeux… comment dire…un disciple des khmers rouges.
Notre relation ?
Plutôt frigo mais sans glaçon on the rock's.
Mon beau-père, là au 3ème rang derrière le chapeau cloche.
Elle c'était Suzanne. On lui disait : dans Suzanne, il y a âne. Mets
ton chapeau et cache tes oreilles !
Dans la famille, c'est hissez pavillon, toutes voiles dehors !
Bref, mon beau-père, c'était disons que…j'eusse pu déplorer sa disparition
prématurée…dire qu'il a laissé un grand vide.
C'est sûr, sa vie était un désert. Alors quand il est parti, tout ce
sable, il a fallu s'en débarrasser. C'était pas commode, si loin de
la mer !
Ma mère, c'était tout le contraire, d'un désert, elle te faisait le
jardin Majorelle !
Elle m'a fait pousser le gazon partout où il faut !
Pas de radio, ni télé, mais elle mettait le volume.
Le tube de lait concentré Nestlé tété goulûment jusqu'à vomir tripes
et boyaux !
La cure de désintox fut longue !
Bon assez de déballage pour aujourd'hui !
Prochain ciné club le mois prochain. Je laisse ta cervelle en germe.
Mais attention aux racines, ça colle aux semelles !
Profite du temps qui passe !
"Lettre
ouverte à Monsieur le Maire" de Nadine CHEVALLIER
Monsieur le Maire,
Vous avez mené l'année dernière une grande campagne de
sensibilisation de nos concitoyens. Vous avez pris le problème à bras
le corps comme on dit.
D'abord, et ce n'était pas facile, des articles dans le journal municipal.
Mais la gent canine sait-elle lire... ?
Alors courageusement, vous avez parlé aux MAÎTRES avec des IMAGES :
une série d'affiches dans toutes la ville... percutantes les affiches...
je ne me souviens plus très bien de ce qu'on y voyait... sans doute
des chiens... mais si vraiment, ça donnait envie d'arrêter !
Mais héla, ça n'a pas suffit, le problème a persisté, on marchait toujours
dedans.
Alors, vous avez mis en place des poubelles spécifiques avec fourniture
gratuite de sacs appropriés : les sac'a'm !
Et là ! Monsieur le Maire, ça vaut le coup de vivre ce moment une fois
dans sa vie, moment magique s'il en est, une fois, j'ai vu un homme
utiliser le sac'a'm puis le déposer solennellement dans la poubelle
prévue à cet effet. Ce jour là, Monsieur le Maire, j'ai pensé : "Chapeau
! Vous aviez raison de croire en nos concitoychiens... euh... concitoyens"
Et en effet, pendant quelques temps, nos crottoirs ont été trottoirs...
, nos trottoirs ont été... décrottés... Mais tout passe, tout lasse...
Et aujourd'hui, Monsieur le Maire, un an après, j'ai pu constaté que
tout était rentré dans l'ordre... Je vous souhaite donc en sortant de
chez vous de mettre le pied dans... le problème, ça vous portera peut-être
bonheur pour les prochaines élections !...
"Devoir
de français" de Janine NOWAK
Bigre ! Mais quelle tête d'enterrement tu fais !!! Hum… Je crois comprendre…
J'ai ma petite idée…C'est samedi aujourd'hui, n'est-ce pas ? Oui, oui,
oui. C'est le jour de ta rédac ? Voilà ! C'est donc bien ce que je pensais.
Allons, secoue-toi ! Tu es chaque fois effondré. Tu dis que c'est de
plus en plus difficile, que les sujets sont impossibles ! Et au final,
tu t'en sors toujours correctement ! Ce n'est pas vrai, peut-être ?
La dernière fois, avec les mots inventés, tu as fait un travail fort
honorable.
Veux-tu que je t'aide un peu ? Bon. Je vais essayer de te donner un
petit coup de main. Allez zou, sans plus tarder on s'attèle à la tâche.
C'est quoi aujourd'hui ? " Troncations et omissions ".
Nous disons donc : " troncations ". Ca existe ce mot ? On regardera
plus tard dans le dico.
Hé ben tiens, justement : je viens de dire " rédac " et " dico ". Voici
deux troncations. Tu saisis ?
Passons à " omissions ". A mon avis, il faut que des mots ou même des
morceaux de phrases disparaissent. Voyons voir… Laisse-moi le temps
de réfléchir… Comment te faire comprendre… Ça y est ! Ce n'est peut-être
pas la trouvaille du siècle, mais elle a le mérite d'être originale.
On va essayer. Ce sera comme un petit jeu qui t'orientera vers ce que
le prof. (encore une troncation !) attend de toi.
Je vais te réciter un bout de texte, en remplaçant certains mots, par
des sifflements. Ensuite, tu me diras comment tu as traduit ce court
extrait. Ecoute attentivement :
" J'ai ta (pfllouit)
Dans ma (pfllouit)
Qui joue avec tes (pfllouit)
J'ai mes (pfllouit)
Dans tes (pfllouit)
Et partout l'on ne (pfllouit) ".
Alors… qu'en penses-tu ? Tu dis que c'est un texte à caractère pornographique
? Ha ! J'en étais sûr ! Je l'aurais parié ! Comme tu as l'esprit mal
tourné ! Hé non, pas du tout figure toi. C'est le début d'une tendre
et sentimentale chanson écrite voici quelques décennies par Charles
Trenet, qui se fredonnait ainsi :
" J'ai ta main
Dans ma main
Qui joue avec tes doigts.
J'ai mes yeux
Dans tes yeux
Et partout l'on ne voit ". etc., etc., etc. As-tu remarqué comme tout
peut sembler différent suivant la présentation ? Quelques mots supprimés
de-ci de-là offrent des sous-entendus inimaginables. Un autre exemple
? On pourrait également avoir le cas de phrases qui, malgré l'absence
de verbe, créeraient une véritable histoire.
La ponctuation aussi, arrive parfois à modifier un sens, une idée.
Mais assez parlé. A toi de jouer. Dans une heure, tu me donneras ton
texte à lire. Au boulot !
Je te souhaite bon courage.
Une heure plus tard
Fini ? C'est le mom. ( mom. pour moment = troncation ! ) de la lecture
? Voyons ce que tu nous as pondu.
Ça s'intitule ? " Urgences ". O.K. Je t'écoute.
- Pouls faible.
- Pou ? Poux ? Qui a des poux ? Pas moi. Non, ça gratte pas ma tête
!
- Tension basse.
- Attention ? Attention à quoi ? Attention aux poux ?
- Epongez.
- Eponge ? J'ai ? J'ai des éponges ? Sais pas, moi ! Pourquoi ?
- Bistouri.
- Bis ? Encore ? Touri ? Touriste ?
- Scalpel.
- Une pelle ? Une sale pelle ? Une pelle à quoi, d'abord ? A tarte ?
A charbon ? A neige ? Du 18 Juin ? Pas de pelle. Pas d'éponge. M'énervent
ces gens là !
- Perd son sang.
- Son san ? Son san… Son san !
(sur l'air de la sirène d'ambulance) Son san ! Son san ! Son san ! Son
san ! Son san ! Son san ! Son san ! Son san ! Son san ! Son san
! Son san ! Son san !
Oh oui ! La sirène de la Police ? Celle des pompiers ? Les sirènes ?
Les sirènes ! Ondine ? La Lorelei ? La petite sirène de Copenhague ?
Ulysse ? Six reines ? Reine d'un jour ? La Reine d'Angleterre ? Rennes,
la ville ? Nez Rouge, le Renne du Père Noël ?
- Accident.
- A que six dents ? Non, 32 dents, moins une molaire. Et puis quoi,
mes dents ?
- Cœur a des ratés.
- Dératé ? Dératisation ? Rat ? Rat d'égout ? Râteau ? Ratte du Touquet
? Ratafia ? Ratatouille ? " C'est pas d'la soupe, c'est du rata ! "
Ratiboisé ? Ratatiné ? Râtelier ? Ratisbonne ?
- C'est la fin.
- Fin ? Faim ? Manger ? Non, pas faim. Moi pas faim !
- Encéphalo. plat
- Plat ? Plat à barbe ? Don Quichotte ? Plateforme ? Plat de résistance
? Plat de côte ? Non ! Toujours pas faim !
Céphalo. ? Céphalopode marin ? Cellophane ? Phallocrate ? Falot ? Terne,
effacé ?
- Dissection.
- Section. Section. Section. Section. Section. Section. Section. Section.
Section. Section.
Voilà. J'ai dit dix fois section. Et après ?
- Morgue.
- Morve ? Suis pas enrhumé. Non : pas morve
- Morne ? Waterloo, morne plaine.
Orgue ? Musique d'église ? Jean-Sébastien Bach ? Toccata et fugue en
Ré mineur ?
Orque ? Grosse baleine ?
Comprends pas, moi.
Comprends plus rien.
Tout flou.
J'ai pas mal.
Suis bien.
Tranquille.
Ca roule.
C'est froid
Plus de bruit
Quel silence !
Quel repos !
Repos éternel…
Bon ; c'est spécial. Je n'aimerais pas avoir à corriger et à juger un
devoir pareil. On verra bien ce que ton prof. en pensera ! Bonne chance
!