"Travaux poétiques en interaction avec les compositions de Jean-Pierre TOULIER

http://jp.toulier.free.fr/pages/ecouter.htm

 

La tentation de l'orteil

en réaction à l'Opus X-c de Jean-pierre Toulier

 

Soldes,
plateau tournant de victuailles,
présentation sur fourches,
direction "le toboggan de la langue",
attention, allez-y, poussez, poussez !

Et commence la spéléologie
des aliments vivants
et cuits,
mis au cachot prématurément,
sans espoir de retour,
sas successifs,
le drame continu,
écluses stabilisatrices de sons,
tassements façon omelettes
concentrées,
amas de couleurs
au pays des égouts
lactés,
petites boules d'avions
compressés,

la vie et la mort s'y mélangent,
s'y reposent.

Manger pour de vrai
suppose un appétit
qui va jusqu'à mordre
l'orteil de Dieu,
pas sérieux, s'abstenir…

éternellement.

Régis MOULU, 2009




Les déplacements indus

en réaction à l'Opus 21 de Jean-pierre Toulier


Nos déplacements indus,
toutes ces perles d'acier
en alternative à notre funeste
dépendance pour les corridors,
sonnent l'heure des bilans,
le moment des mesures,
où la poésie revient
nécessairement au goutte à goutte
tant se confondre au monde des idées
donne, à qui est aphone, le ton.

Au marché du rêve éveillé,
revoir un homme-femme,
laisser l'opéra de sa volonté
partir sur les quais
de tout ce qui nous a marqué,
soigner désormais l'espace entre les mots
et les bannis de l'entre-deux,
réveiller toute une kyrielle de violons
que nos habitudes avaient rendu pierres,
ajouter surtout une pincée d'étoiles

ET VOILÀ QUE LE SENTIMENT INVINCIBLE ET SANS ÂGE QUI NOUS TRAVERSE

nous oppose sa propre pieuvre,
pauvre pâte à pizza
qu'est tout cœur humain
qui aspire au chapeau pointu,
mais qui retombe toujours sur son cul.

Nos déplacement indus
reviennent à nous faire
chercher une médiane
celle qui dissèque,
celle qui lèse l'esprit
résurrectionnel.

Ma grand-mère descend du singe.

A force de cligner, ses yeux ont mille pages !

Elle s'atomise,
se dissipe dans les brumes des souvenirs
que l'on nomme, à juste titre, timidité.
Nous voulons encore et toujours faire des ensembles,
revivre des exercices d'évacuation.
Nous avons misé toute notre survie dans le verbe,
sans rien dire,
avec l'absolu de la Nature,
comme source d'inspiration.
L'intelligence fut sellée
comme notre plus fidèle cheval,

or tout ce qui galope cherche maladivement la fixité de l'horizon

faute d'avoir pu décoller,
faute d'avoir eu peur de se noyer.

Depuis, nous serrons des mains,
chantons pour des yeux sexués
mais absents.

La fabrique à mémoire,
la beauté qui n'est vraiment
que dans ce qui fut,
bref toutes les choses
qui machinent notre conscience,
s'atténuent pour qu'il nous soit
encore possible de nous supporter,
pour qu'on accepte aussi
de perdre et de ne plus rien frapper
sous le sceau de l'essentiel.

OUI, IL NOUS FAUT ÉCHAPPER AU PLUS VITE AU SPECTACLE DE NOTE ÊTRE QUI S'EFFRITE,

oui, restons vrais
grâce au rien
qu'on contient,

contentons-nous
de nous savoir indignes
pour ne pas dire fragiles, reproductibles
à côté d'un Rimbaud déjà classé
"l'étranger historique",
en descendant de son fleuve…

Régis MOULU, 2009

 

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