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Présentation des photos du spectacle et des textes additifs inédits de Régis Moulu
La pureté est proche du vide très
librement inspiré des écrits de Daniil HARM,
Spectacle présenté par les deux ateliers théâtre de la Compagnie du
Chercheur d’Arbres C'est
avec plaisir et volonté de partage que des textes inédits
se retrouvent accessibles sur ce site (écrits additifs de R Moulu).
Mais il faut savoir que toute reproduction ou représentation intégrale
ou partielle de ceux-ci nécessite l'autorisation préalable
de l'auteur. ***
Première partie ***
BOUCHE DE GAZ ! Arrive un être pitoyable (avec de multiples handicaps, trop pour faire vrai) Il a du mal à parler (douleur oblige alors même qu'il a en plus un fort accent), ce qui le rend attachant et respectable. Un traducteur l'assiste ainsi qu'une traductrice pour sourds et muets.
Le petit-fils autoprésumé. - Je, je suis, je suis petit.… Je suis la petite-fille de Daniil Harms. Le traducteur. -
Je suis le petit-fils de Daniil Harms... Je suis, je suis... bon bref,
j'arrive à peine à exister. Le petit-fils autoprésumé. - Qui était-il ? Que fut sa vie ? Pourquoi n'a-t-il pas eu d'enfants ? Pourquoi je parle de lui ? Est-ce bien moi qui parle ? Que fait ma bouche ? (S'emballant progressivement au cours de la phrase) Et l'esprit est-il un gaz qui profite qu'une bouche soit ouverte pour sortir afin d'entrer dans une autre ? Le traducteur. - Je suis à tout moment menacé de disparition. Le petit-fils autoprésumé. - Mais je vais surtout vous parler de cet homme. Daniil Harms était un écrivain. Il avait une quête, celle d'être libre : Le traducteur. - Je ne sais même pas si je suis dans l'histoire que je vous raconte, là, dans ce théâtre… à un tel point que je suis sûr que vous croyez que je n'existe pas, Le petit-fils autoprésumé. - Il aimait par exemple la collision des mots. Il croyait en l'atmosphère des matériaux. Il sonda l'insondable. Il remua comme personne l'immobilité. Et, à force de regarder le vide et le rien, il les rendit spirituels ! Il voulait du vrai, du plein. Le traducteur. - n'ajoutons donc rien à ce sujet. Le petit-fils autoprésumé. - La police secrète l'arrête, dit qu'il est contre-révolutionnaire : sa lucidité le condamna. Le traducteur. - Plutôt, si, dès que je parle, je meurs ! Le petit-fils autoprésumé. - Prison, sortie de prison puis décision de partir en exil. Quoi écrire, comment écrire, comment ne pas risquer sa vie ? Il repartit en prison et mourut lors de sa détention psychiatrique. Le traducteur. - décidément vous ne saurez rien de moi, Le petit-fils autoprésumé. - Vaine quête qu'être libre, non ? Rêve sans fond, non ? Quels sont nos actes de libération ? (un temps). Son père, quant à lui, avait été proche d'un mouvement terroriste appelé la "Volonté du Peuple". Renversant, non ? Est-ce que cela pourrait arriver aujourd'hui ? Le traducteur. - Pire, il paraît même que quand a été écrit ce texte, il n'y avait plus assez d'encre pour l'imprimer, Le petit-fils autoprésumé. - Il connut lui aussi la prison et l'exil. Bref, que des conneries ! Mais ceci ne passera pas par moi. Ceci ne passera pas par moi. De toutes façons, tout cela est impossible de nos jours. Impensable. Inimaginable. Le traducteur. - tout ce que je vous dis a déjà disparu… avant de naître Le petit-fils autoprésumé. - Rigolons, oui, c'est ça, rigolons. Ce soir c'est la fête. Ce soir on le fête. Vive Daniil Harms ! Clap, clap, clap ! Il est le content le Daniil Harms ! Wouaf, wouaf, wouaf ! Il est content, oui il est content ! Le traducteur. - comme quoi il est tout à fait impossible d'être et inutile de le prouver, inutile de le prouver Le petit-fils autoprésumé. - Ce soir, toutes les folies qui vont être dites ont été écrites par lui. Les enfants aimeront, apprécieront et en redemanderont ! Ses textes sont des bonbons. De bons bonbons. Ronds, ronds, les bonbons bien ronds ! Le traducteur. - … et je disparais faute d'avoir eu quelque chose à raconter. Le petit-fils autoprésumé. - Alors vive lui, vive l'inattendu, vive l'irreprésentable et vive l'infini du réel ! I have a dream : le rêve que vous pensiez que je sois trop absurde pour être dangereux !! Le traducteur. - Et pour résumer : rien ne se rejoint, là est notre plus grande certitude ! Le petit-fils autoprésumé sort. Le traducteur. -
(Au public) Ah la la, hou lou lou : je perds espoir, à la vue de
cette personne je suis prise en gelée… car le mal s'insère toujours dans
le miracle, dans le miracle qu'on ne cesse d'attendre. Le seul problème
est de savoir quand ça se produit !
LA VICTOIRE DE MYCHINE FABLE
LES FLEURS 1 MES PROPRES VERS LA LOI DE LYNCH
LES FLEURS 2 VOS YEUX COMME DES CARAFES LE CONCERT D'EMIL GUILELS SCENE DE LA VIE QUOTIDIENNE PHENOMENES ET EXISTENCES (n°2) A L'HEURE DU COEUR TOC ! CE QUE J'AIME AUJOURD'HUI JE ME MARIE
LE BOUDIN DE PORC L'AME A COEUR OUVERT LES FLEURS 3
LE POIVRE GREC LA JEUNE FILLE QUI ETONNA LE GARDIEN UNE HISTOIRE LES VIEILLES QUI TOMBENT A PROPOS DE NOS HOTES PASSEZ DONC ME VOIR A LA MAISON LES 2 CAMARADES ET LA BAGARRE A ECLATE
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Seconde partie ***
LA DEMANDE LA RENCONTRE DES CLONES
A : - Bonjour, je suis Daniil Harms. B : - Ah! Comme moi! On m'appelle justement Daniil Charms parce que je suis Daniil Harms. C : - Incroyable, parce que moi justement je signe mes livres avec mon nom d'auteur en ne prenant que mes initiales c'est-à-dire D.H., D.H. comme Daniil Harms ! D : - Usurpateur, je suis le vrai Hharms avec deux 'h' pour mieux vous couper. E : - Je suis heureux de vous entendre apporter cette nuance, cher monsieur Hharms, car moi mon nom c'est Carl Ivanovitch. Ce nom un peu compliqué me permet de ne pas avoir d'homonymes. Parce que vous voyez, la plupart du temps je souffre de m'appeler Daniil Harms. F : - Enchanté de vous connaître Daniil Harms, moi je m'appelle Daniil CHarms alias Schardam. E : - Ah vous aussi, ce n'est pas commun et c'est même plutôt beau. F : - Ben vous savez, il n'y a pas de hasard, j'aurais dû m'appeler comme tout le monde Daniil Harms. Mais heureusement, j'ai eu cette idée : elle ravit ceux qui ne me connaissent pas ! TOUS : - Là c'est foutu, mon vieux. On te connaît tous aussi bien que si c'était nous-même. D'ailleurs tu es nous. G : - Ah bon, comme vous m'êtes intimes, à vous je peux dire que mon surnom c'est… TOUS : - (Coupant la parole) Daniil Harms! Petit plaisantin va ! On sort du même nid ! G : - Non, mon surnom est… Dandan ! Car c'est beaucoup mieux d'avoir un surnom afin que quand quelqu'un d'intime s'adresse au seul et unique Daniil Harms, je sais que c'est moi. H : - Haarms prend deux "a" au cas où vous ne le sauriez pas, bande de déguisement en série ! TOUS : - Ah bon ? ! Répète ! H : - Non, justement, j'ai horreur des copies. Mais croyez-moi bien que j'en suis désolé surtout que c'est juste par coquetterie. TOUS : - Petit coquin, va ! I : - A croire que personne ici n'a lu mon extrait d'acte de naissance. Les papiers officiels font de moi le véritable Daniil Harms né Daniil Ivanovitch Iouvatchov. Je vous prierai donc à l'avenir de ne signer aucun de mes écrits personnels à ma place. Merci. TOUS : - Gros bluffeur va ! I : - Si vous voulez ! J : - En attendant faisons témoigner l'histoire. Au bas de ma première poésie j'ai signé "D.""Ch.". Je suis le Daniil Harms responsable de cela, j'ai moi-même inauguré le début de Daniil Harms dans l'écriture, je suis donc le plus légitime d'entre nous, ne vous en déplaise. K : - Qui mieux que moi pourra vous parler de l'Ordre Transrationnel d'Aleksandr Toufanov, poète zaoumnik, du Flanc de gauche, du collectif Radix qui augurera des futures obériouty dont je fais partie ? ! TOUS : - Stop ! Merci, on sait ! K : - N'oubliez jamais que ce sont toutes ces anecdotes que je raconte qui nous daniilharmisent le plus ! Sans moi, Daniil Harms, vous ne seriez pas si Daniil Harms ! L : - C'est une usurpation collective, Daniil Harms c'est moi, je le crie haut et fort. M : - Tout ceci serait vrai si vous le prononciez bien votre nom! En fait on devrait dire (avec une prononciation russe) Daniil Harms comme moi je le dis, puisque je suis le Daniil Harms référent. N : - Ceci dit, moi, je suis sûr qu'ici en France tout le monde sera sensible au fait qu'on dise Daniel et non Daniil. Tel est donc mon nom. Pardonnez-moi d'être le plus officiel des Daniil Harms ! A (à O) : - Et toi, tu es qui? O : - Moi ? Moi je suis un Daniil Harms qui vient d'entendre qu'il y avait un Daniil Harms dans le public, et qu'on ne savait pas qui c'était. PETROV ET MOUSTIK
ILLUSION D'OPTIQUE LA CHUTE
UNE AGAPE INATTENDUE
COMMENT UN HOMME SE DISPERSA TROIS CLOUS DANS LE PIANO LE CORBEAU A 4 PATTES LE QUART DE FUMEE
L'HOMME ROUX LES MANGEURS DE BETTERAVES
LE BOEUF BOUILLI
JE SUIS NEE DANS UN ROSEAU
LE DEBUT DE LA FAIM
PIERRE SUR ROUE LA VIS N'EST PAS UN CLOU LA FILLE PATROULIOV
CECI ET CELA AN OBSTACLE LES CHEVALIERS
UN FAISAN SUR LA NUQUE LES AFFIRMATIONS
*** Fin *** |
* Spectacle très librement
inspiré des écrits de Daniil HARMS, traduction d'Igor Kovalenko Remerciements à la Mairie et au Théâtre
de St-Maur qui nous ,a permis l'accès au plateau Radiguet
Distribution
de la première partie : "Petites histoires déboulonnantes"
Anne-Marie SOULIER, petite fille de Daniil Harms, Pétrov, mouche, chef de la milice Philippe MOY, traducteur, Piotr Mikhailovitch (romantique avec peu de cheveux), anti-hôtes Cécile LE VAILLANT, traductrice pour sourds et muets, Olga Pétrovna, conteuse de l'histoire d'Abram Démianovitch Agnès BARBOTTE, Mychine, sœur-siamoise Danielle TERRASSON, collocatrice, jeune fille, anti-hôtes assistante Perrine CUGIER, collocatrice, commère Jean-Pierre HUBERT, milicien, gardien Céline CORNAYRE, présentatrice, Maricha co-spectatrice de Guilels, commère Claude WISNIEWSKI, fée, Evdokim Ossipovitch qui est la mère de Koka Aurélie BOCCARA, cheval qui conte, voix du télégramme Stéphanie DRIKES, spectatrice de Guilels Séverine GRIMBERT, observatrice de Nikolaï Serpoukhov Sylvie PRUDON, Klopov qui a cassé sa montre, Vostriakov à sa fenêtre Valérie RICHARD, Koka, sœur-siamoise Marie-Madeleine GARCIA, Bogadielnev le porc Elodie LEBRAULT, Princesse Kouklov, femme qui se méfie du poivre
Et pendant qu'Eugène Ionesco propose en France son théâtre de l'absurde (avec par ex. La cantatrice chauve), Daniil Harms use en Russie de mille subterfuges (dont l'absurde) pour pouvoir s'exprimer sans se faire arrêter. Pour prôner la liberté, il lui faut être imaginatif : ses écrits seront donc, sous une fausse naïveté et avec une grande expressivité, pleins de fantaisie et lourds de sens et de symboles. Daniil Harms est donc un fou qui souffre d'un trop-plein de conscience, un "révolutionnaire par nécessité" qui veut s'affranchir de tout, un chercheur "sans fond" et, dans la vie, un provocateur dont le cynisme a valeur d'espoir et de rédemption.
Son écriture déstructurée Si sa parole est déstructurée, insensée ou même parfois réduite à sa seule phonétique, c'est pour mieux s'affirmer (acte de libération). Donc, "ode au vivant" et "à bas la réalité qui nous oppresse (forme de surréalisme)" semble-t-il nous crier jusqu'au point de lutter contre toute logique. Il est nécessaire et salutaire, à son niveau, de tout faire pour que l'impossible survienne… Le "rêve réaliste" est donc une quête réelle qu'il poursuit.
Note d'intention du metteur en scène Pour servir une telle pensée, plusieurs de ses textes ont été choisis et montés en scènes dont le lien est souvent thématique. Il n'y a pas d'histoires (car il faut échapper à toute logique) mais des tas de petites histoires qu'il faut "prendre sans comprendre", comme le feraient des enfants. Car c'est un "spectacle à univers, à climats et à ambiances" majoritairement. Là est la vie (dans ce surinvestissement du présent), là est notre possible rêve… qu'on appelle aussi liberté !
R. Moulu
Distribution
de la seconde partie : Avec, par ordre d'apparition, à visage découvert : Philippe PEETERS, docteur, bonze Arnaud ALEHAUSE, Ermolaïev mangeur de pilule, Moustik le mathématicien Marie-Laure DAUTREY, celle qui a un maître qui se tait, cliente du Bœuf bouilli Séverine CHAISE, Pétrov l'amie du mathématicien, lièvre, serveuse Frédérique TROUVAIN, borgne, grand-mère aux quatre dents Frantz HELLERINGER, Adam ex-Anton, conteur de l'histoire de l'homme roux, grenouille Soizic L., Eve ex-Natacha, Irina Mazer qui a des bas (en anglais stockings) Cyril DRUEZ, Maître Leonardo Da Vinci, chat, Pronine qui aime les bas Anne-Marie PETIT, serpent, petite fille narrant le corbeau et le renard, lièvre Thierry MORELLI, l'homme au bonnet de fourrure, cow-boy, conteur de l'histoire des vieilles Solange PORTE, celle qui est née dans un roseau Janine NOWAK, conteuse de l'histoire de Pétia Gvozdikov, grande tragédienne, cow-girl |
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