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Présentation de l'interventions en hommage à Raymond RADIGUET
Présence RADIGUET. aux Ateliers d'Art - Samedi 8 mars 2003 Poésies, dialogues et adaptations poétiques de Régis Moulu Distribution : Françoise Boisseau & Nathalie Capelle Commande de la Mairie de St-Maur
Prologue Radiguet, en provenance de l'autre rive.
Nathalie - Tel Icare des temps modernes, Le dit "Monsieur Bébé" "fusillé par les soldats de Dieu" Est venu vous dire que son fantôme vous hantera toujours Au plus Diable de votre corps défendant. Si le bonheur est égoïste Les remords sont un suicide, Messire Jean a fait de moi une baudruche Le gros Grasset y a ajouté sa démesure, Et pourtant je reviens maintenant vous déclarer Qu'il m'était fort aise d'être Pris pour votre objet de curiosité, Je me suis fait un nom avant un livre, Il est vrai, Voyez comme mon fantôme Peut encore vous attirer Dans le rêve que vous ne réaliserez jamais, Je ne suis pas un gamin, Je ne suis pas plus une nouvelle fille, J'avais un âge que je n'ai jamais atteint, Et si je vous ai laissé vous servir de mon désir, C'était pour mieux vous balancer mon impudence, Avec moi, ce sera toujours la grande crue des sentiments A chaque fois que la France tardera à ranger ses fusils, Inondations, inondations, inondations Jusqu'à mon voyage à Arcachon Où manquer de se noyer Fut moins une liberté Qu'une libération. Devenu un jeune trop âgé, Je ne tardai pas à mourir, Mes pairs m'ayant oublié Au profit de ma jeunesse buvable, Revanche tardive, certes, Mais de quelle honneur me parle-t-on ? Mal mort, j'attendis donc le jour de mon inhumation pour vous revenir.
Moi je vous dis que ce message vient de lui !
Adieu à l'adieu.
Françoise - Je me sens mal : j'ai comme jamais l'impression de m'être mal... restaurée ! " Adieu (Chantant, accompagnée au piano) Amiral, ne crois pas déchoir En agitant ton vieux mouchoir C'est la coutume de chasser Ainsi les mouches du passé. " Raymond Radiguet C'est vrai, il ne faudrait pas oublier que les vivants ne sont pas que de vieux... fruits de mer !
J'aime Rajki. J'aime Raymond.
Nathalie - Moi, j'aime Rajki... (se reprenant) j'aime Raymond. Le 18 juin 1903, à 16h50, au 30 bis de l'Avenue du Rocher à Saint-Maur, c'est sûr que j'y étais. Nous étions à sa naissance trois témoins avec une femme cordonnier et un imprimeur. Je suis le désir. Ses parents s'appellent Jules Maurice Radiguet et Jeanne Louise Marie Tournier. Simplement je le sais, nous étions si proches, tout comme je sais qu'il était l'aîné de 7 enfants. Impossible dans de telles conditions de me semer, que ce soit au 53 avenue de l'Echo ou au 4 avenue Charles VII à St-Maur. Dorloté par une Margueritte qui aime les incendies et les cimetières, le voilà bien aimé, bien lancé. Oh, Rajki, Rajki, Rajki ! Je suis la seule à connaître ce surnom, le pseudo de Raymond ! On s'aime, j'ai vu ses photos. Lui et ses souvenirs, c'est comme pour moi et le fruit de mes recherches : on ne les troquera jamais contre nul autre. Je déteste la petite Carmen. A son égard, la myopie de Rajki est avantageusement cruelle ! Rajki, juste être seule avec lui sur l'île d'Amour, pour son fouillis boisé... Comment ne pouvais-je pas être morte de passion pour le secrétaire de rédaction du "Rire" ; tout ça ne s'invente pas ! S'il te plaît, mon chaud et froid Rajki, ne sèche plus les langues vivantes ou sinon je serai toute ton école buissonnière ! Comme lui, à 16 ans, j'ai eu "Le Diable au corps", "Les Joues en feu", comme lui, j'aime quelques animaux choisis, je passe du "Coq Parisien" au "Boeuf sur le Toit", fais "Les Pélican" quand je ne suis pas au plus pur de "l'Oeuf Dur". En 1921, il ira même jusqu'à m'appeler "Denise", j'étais comme ses "Devoirs de vacances", rien que cela... Et quand bien même il ne s'en rappellerait pas, qui m'en contredirait, je saurai en parler des heures, car ce n'est pas si loin, 1921, ce n'est pas si loin... On s'est fiancés au "Bal du Comte d'Orgel" plus récemment, en 1922, et, en 1923, près du Sénat, Rajki m'a transmis sa fièvre... puisqu'à 20 ans en 1923, l'élu de mon coeur, Ile de France, Ile d'Amour, meurt. Depuis j'ai vingt doigts, comme pour mieux retenir toutes ses années partagées. A deux mains donc, ce n'est pas trop pour te rejoindre avec toute ma bouche, de toute cette tombe, car toi pour moi, ou typhoïde pour tyroïde, c'est avec mon théâtre à mots que je t'écris que je te crie, que je t'en crie, que je t'en prie de là toujours rester près de moi, à mes côtés, à mon devant, puisqu'il ne me faut plus jamais avoir la langue trop à l'étroit, et j'en crie, j'en crie, j'en crie.
Citation à l'ordre du portrait.
Françoise - Soyons objectifs, ma petite, soyons objectifs avec des objectifs subjectifs. Accusons le coup : Raymond Radiguet est enterré parmi nous, et ce n'est pas faute de l'y avoir empêché, écoutez-moi : Françoise, pour Jean Cocteau : " Soignez-le : la fatigue développerait [en lui] des germes nerveux dont le mystère des lettres est un signe. Il faut que Raymond double le cap d'un âge ingrat qui ne ressemble pas à celui des autres " Jean Cocteau le plus fou étant que " quinze jours près de lui me guérissent d'un an à la maison " Jean Cocteau C'est le monde à l'envers ; terre au ciel et ciel en terre ! Sachez, petite fan, que je l'ai connu moi aussi, mon âge parle pour moi, à votre différence, tandis que vous, c'est votre jeunesse qui vous en rapproche : soignez-vous donc, vous aussi ! ... En documentaliste, permettez-moi de vous exposer son histoire labellisée par la vie. Sa patrie c'était la littérature qu'il disait. Vous le saviez ? Non, bon alors je continue, petite, vous êtes soufflée ! A l'école communale, il était sage, sérieux et médiocre, mais il avait le goût de la lecture, vous le saviez pas plus, hein ? Non, bon alors je continue, petite, vous êtes déflagrée, quasi implosée ! Pour lire, il s'installait souvent dans une barque qui appartenait à son père, sur la Marne, on aurait dit un coquillage sur une tombe... les spécialistes me comprendront. Mais c'est quand même fortement symbolique, non - pauvre petite fan - alors même que sa famille avait déjà eu son noyé ! Vous ne saviez pas ça aussi ? Non ? ... Bon alors là, je m'arrête, ça suffira pour aujourd'hui CAR QUAND VOUS AUREZ APPRIS CETTE LECON COMMENCERA ENFIN LE DEVOIR DE MEMOIRE. Hommage. Hommage en la présence parmi nous de Raymond Radiguet. Nathalie - Non, encore une s'il vous plaît ! Avez-vous au moins quelques images à collectionner ? Françoise - Non. Nathalie - S'il vous plaît, continuez : ne laissez pas mourir cette mémoire dinosaure qu'il y a en vous. Françoise (Prise sous la force des révélations) - La vérité, c'est qu'il roulait des cigarettes avec des feuilles qu'il arrachait d'un petit carnet, votre Rajki ! ... Eh ! la fan ! Je ne vous ai pas tout dit, tout à l'heure. Les feuilles qu'il arrachait de son petit carnet pour faire des cigarettes contenaient des poèmes, oui des poèmes. N'y a-t-il pas plus forte poésie que ses volutes enchanteresses ? Il n'y a plus de fumée sans Radiguet, au point d'en changer toutes les expressions ! C'était un véritable homme de lettres, voyez-vous, de ces hommes qui travaillent sans que ça se voie !
Hommage éclairé.
Nathalie (En débile, sous le coup de la passion) - Comme s'il y avait une évidence à lire un fantôme ! Visez ces morceaux choisis que j'ai mis dans mon journal intime. Ce sont les autres qui l'ont encensé, je fonds, je suis fondue, car j'aime Rajki, son surnom est trop chaud ! Goûtez par exemple à ce qu'a dit André Salmon : " c'est vrai que ses poèmes étaient de belles architectures typographiques. " André Salmon Françoise - Mais Rajki, ce n'est pas un nom, ça, au plus un caprice ! Nathalie - A Prikaz, maintenant : " il y a je ne sais quoi d'un climat instable de l'inquiétude universelle " Mr Prikaz Françoise - Rajki ! et pourquoi pas la froide solitude de Reykjavik, grande fan, va ! Car il faut bien, à un moment, tempérer tous ces poèmes un peu trop chauds ! Je cite : " des fleurs dans l'entrejambe du caleçon, ce jardin tiède dans la giroflée " Raymond Radiguet Ce n'est plus tout à fait du diable au corps, ce serait même plutôt une obsession en tête ! Tu trembles, hein ? Nathalie - Au tour de Jean Cocteau, l'exclusif ! " il était myope et toute sa personne fragile, sérieuse, absente, semblait nager maladroitement à la traîne de ce regard qu'il approchait des choses. Il feignait de ne pas les voir et les enregistrait une fois pour toutes " Jean Cocteau Ouh ! Françoise - Rajki ! Rajki ! Rajki ! Mais ça sonne comme Nijinsky, ça, ce qui fait deux prodigeskis incroyableskis pour Jean Coctoski, non ? Nathalie - On a dit aussi de lui que : " c'était un grand jeune homme timide et joufflu, habillé qu'il était d'un veston couleur mastic à pieds-de-poule marrons beaucoup trop vaste pour lui et d'un pantalon de fonctionnaire, à raies " Blaise Cendrars Excitant ! Raisonnablement excitant ! Avec lui, ma vie est une BD surtout quand " il sautillait dans sa démarche. On eut dit que les trottoirs lui étaient élastiques " Jean Cocteau Jean Cocteau ! Françoise - Rajki, un quasi cousin de Rachmaninov ou même son frère de prodigalité tant qu'on y est ! Ah, jeunesse ennemie ! Nathalie - Paul Morand : " un Radiguet aux sourcils soudés nous regardait dire et faire des bêtises, les apprenant de sa présence, nous les reprochant par une taciturne arrogance, implacable comme l'enfant juge de ses parents " Paul Morand " Bon candidat à la cruauté " André Salmon dira même André Salmon. Alors, serait-ce pervers ? Toujours est-il, selon Camille Aymard, que " c'était un enfant sans jeunesse, sans exubérance, sans illusions. Il me rappelait ces jeunes lettrés chinois qui, à vingt ans, portent sur leur masque sans âge une impression de vieillesse précoce " Camille Aymard Moi, il suffit que je m'intéresse à lui pour que je l'aime encore plus ! Mais jusqu'où cela ira-t-il ?
Radiguet, premier objet publicitaire.
Françoise - Radiguet fut en définitive notre premier objet publicitaire, je le vois bien. Mais quelle image a-t-on de sa jeunesse pour ainsi l'instrumentaliser ? A-t-il de cette manière payé son avance sur tout, cette avance sur son âge, sur sa mort, sur le défi ou sur l'honnêteté à admettre ce que fut la guerre loin du front - un drôle de cocufiage, parfois - ... Je vous rappelle qu'il a eu quand même le prix du Nouveau Monde ! Radiguet Bon pour une rumeur En l'humeur De Bernard Grasset, Radiguet outsider Comme un héros masqué, S'avançant sous le manteau, Radiguet bonimenté, Et que sur lui chacun Garde ses yeux fixés, Je vous annonce ses meilleures feuilles, Vous êtes vous aussi triés sur le volet, Plus précoce que Rimbaud, Ce nouveau Rimbaud Qui s'appelle Radiguet, Il suffit alors du Gaulois Pour l'amplifier, Puis Radiguet affiché, Radiguet placardé Et Radiguet lancé Sur les écrans pour la première fois, Radiguet raillé, Radiguet qui fait polémiquer, Mais Radiguet modèle de littérature Pour les jeunes littérateurs De sa génération, Donc Radiguet à jamais vivant Parmi nous, Radiguet ressuscité !
Parole à l'absent qui reparaît.
Nathalie - Il me dit de vous dire, qu'en tout lieu, toute époque, parce qu'il a le recul du mort et qu'il n'a jamais été un enfant, qu'en chaque chose il y a "Vues sur la mer"... " VUES SUR LA MER. Le soleil sommeille au fond du chapeau de paille Mêmes initiales Je n'ai pas le temps d'attendre la lumière qui vient au-devant de moi Adresse inconnue La vie au grand air J'entends une autre mer au fond du coquillage Tu jouais au ballon sans même te douter Parfois Le soleil descend non loin de la plage." Raymond Radiguet J'y allonge ensuite ma serviette de brumes matinales, excitée, car j'aime Rajki - pour moi, ou j'aime Raymond - pour les autres, comprenez-moi !
L'adulte mineur.
Nathalie - Vous ne trouvez pas qu'il ne fait pas assez chaud ? Françoise - Qu'avez-vous derrière la tête de votre corps ? Nathalie - Chaud ! Françoise - Show ? Nathalie - Enfin, c'est normal que vous ne sentiez rien, vous, vous venez juste de traverser l'ère glacière. Il avait un feu qui vaut pour un défi. "Les Fiancés de Treize ans" de mon Raymond pour mon Raymond, passages choisis. "[...] Aiderons-nous Vénus à naître ? L'oursin du désir se hérisse. [...] Sauront nos amours abriter De la maternelle colère. [...] La naïve à qui l'on défend De mettre un pantalon ouvert. [...] Pourpre ciel entrouvert ! Grenade [...] En tricycle dans tes domaines Que la mer Rouge ne te teigne, La douleur en une grenade Changeant la naïve châtaigne." Raymond Radiguet Ha ! Puis "Septentrion, Dieu de l'Amour", de mon Raymond Radiguet, extrait : "[...] Tous les cadeaux que distribue Avec sur les yeux un bandeau L'enfant qui devrait être dieu Gracieusement aux danseuses Ravissent leur coeur et leurs yeux." Raymond Radiguet Je dois bien avouer que Rajki est un moteur. Françoise - Le drame étant de dire encore moteur alors même qu'elle devrait y voir la fin d'un film.
"Le front comme un drapeau perdu"
Françoise - "Le Front comme un drapeau perdu" de Paul Eluard comme s'il parlait de Rajki, euh, je veux dire Raymond Radiguet quoi ! Excusez ma passion que j'ai mal réglée. "Le front comme un drapeau perdu Je te traîne quand je suis seul Dans des rues froides Des chambres noires En criant misère Je ne veux pas les lâcher Tes mains claires et compliquées Nés dans le miroir clos des miennes Tout le reste est parfait Tout le reste est encore plus inutile Que la vie Creuse la terre sous ton ombre Une nappe d'eau près des seins Où se noyer Comme une pierre." Paul Eluard
La petite histoire d'une histoire brève !
Françoise - Car on eut entendu à l'époque qu'on prît en compte Radiguet pour ne pas faire de peine à Cocteau. Pour Raymond, le plus dur était bien d'être enfin Radiguet lui-même. Ainsi il ferait preuve d'une certaine conscience. S'écrire comme pour se livrer, se lever comme pour se libérer, par conséquent révéler la vie par sa vie, toucher à l'essentiel par le sexuel à fleurir en prenant toujours et encore tout le monde de vitesse. Y-a-t-il ici a fortiori tromperie ? Car au menu, se lisait déjà un "Diable au corps" qui, pour contrevenir à la guerre, proposait la sève de la jeunesse... comme pour mieux lui-même s'affranchir de ses vieillots protecteurs, ce qui fut tache facile pour qui rencontre la belle et désirable Bronia. Visez-la, cette femme est bien belle, et savez-vous que c'est elle-même qui est venue séduire Raymond Radiguet ? Que se le disent, que se le disent tous ceux qui l'ont pris pour un objet fait homme !
Le traité d'indépendance.
Nathalie - Il me dit de vous dire une nouvelle chose qu'il a fini de rédiger : son traité d'indépendance. A travers moi, il vous le lit, et ça fait : Je suis un jeune romancier à succès, je bois énormément, j'ai maintenant vingt ans et beaucoup de nuits blanches accumulées dans une purée d'opium, je fête mon indépendan- ce financière et une fin de non plus goûter au traité de tendresse de mon Jean.
Salives en puits.
Françoise - Et Max Jacob, Pour la bonne bouche, D'ajouter Qu'il lui a donné La salive de son puits, Solennel, Aux eaux mêlées : " Le devoir réglait les passions humaines, mais la honte retient le troupeau dans sa laine," plus loin, "l'Enfer !! Les béquillards et leurs bras en écharpe, les animaux qui n'ont que des faux-pas, enchaînés, déchaînés, faisaient des sauts de carpe. Contemplez l'harmonie des choses, le monde était pour toi, Raymond, plein de valeur ! et ton siège en plein ciel, à de telles hauteurs ! Tu transformais nos vies en vérités célestes dans l'air doux et froid. Tu veillais sans un mot ! sans un geste ! Que tes frères les anges ne s'éloignent pas de toi. Tu montes jusqu'aux ciels où tu vécus toujours. Tu vécus de l'Esprit et c'est lui qui t'accueille sur de pâles buissons de fleurs vives et de feuilles. O calme amour des lettres ! Amour !" Max Jacob Nathalie - " Mon cher Max... J'ai bien tardé à t'écrire [...] quand on prend l'habitude d'écrire beaucoup, et que cela devient moins difficile qu'une lettre à l'ami le plus cher, on hésite avant de priver la postérité d'un poème. [...] Pardon pour ces niaises excuses " Raymond Radiguet
L'avant-fin.
Françoise - Puis ce fut l'avant-fin. Premier avertissement qui risqua bien d'être le dernier. Nathalie - A Arcachon, je faillis me noyer sous une barque. Maintenant j'ai des colères sans raison, sans raison, je classe, je range, j'ordonne et passe pour le sorcier de la contrariété comme si j'aurais pu savoir que j'allais bientôt mourir, mais j'ai l'histoire pour moi. A présent net, j'anticipe à vingt ans mon livre qui se ferme comme si mes yeux étaient sur moi, et mon ventre se resserre, et je désire la messe en mangeant du chapon-fin ! Françoise - Deuxième avertissement : Alcool qui me dépense ! Nathalie - Alcool, qui me dépense, et moi aussi qui me dépense de la sorte, c'est à dire inconsidérablement, faisan Carême faisan Carême heureusement que je griffonne par là même des poèmes sans compter. Ecrire ou inviter, tel est mon nouveau programme pour peu que ne s'y intercale une scène de Cocteau qu'il me faut affronter -les deux-, Bronia, à l'heure si proche d'une mère-patrie qui vient me réclamer alors que Jean la Crème me fait comprendre que tout son investissement, j'en ai fait un crime... Face à tant d'altérations, je dus plus que jamais et de plus en plus me miser sur l'inertie. Françoise - Dernier avertissement suivi de sa mort, il aura été pourtant bien averti. ... Il y eut le suicide au revolver de Philippe Daudet après celui de son ami Emmanuel Faÿ. Nathalie - Au cimetière il fait froid, non, plus exactement j'ai froid aussi ; de toutes façons, ce sont des obsèques... pour le mort et aussi pour certains vivants, en suis-je ? Françoise - Toujours est-il qu'ici naquit Nathalie - ma fièvre typhoïde, hors délire, je puis surtout dire que "fusillé je serai demain par les soldats de Dieu" ! Dans de telles conditions, comment pourrait-on encore dire que Jean Cocteau ait pu me créer ? Tout comme pour cette fièvre, serai-je à vie, même après ma mort, mal diagnostiqué ? Enfin, sachez qu'on est seul devant sa mort tout comme je fus seul devant ma mort. De quelle nature est ma contagion ? Fut-elle de qualité ?
La fin, un bon début.
Françoise - Avertissement public : Veuillez noter ces quelques points en rapport avec le scandale par répercussion qu'occasionna la mort de notre Raymond : * Cocteau déjà desséché, donc Cocteau sans pleurs ; * Il est mort seul à la clinique ; la ronde de ses amis était bien incomplète lors de l'enterrement : Où êtes-vous partis Jean Cocteau, Jean Hugo ? Valentine Hugo malade ? Georges Auric et Francis Poulenc à Monte Carlo, Max Jacob pleurétique ? Jacques Doucet malade ? Vous seriez-vous enfuis de vous-mêmes faute d'avoir été trop proches ? *- Son père Maurice Radiguet dans l'obligation de continuer à faire ses caricatures pour faire rire ; * Frères et soeurs en pleurs, vous rendez-vous compte, à partir de l'âge de 10 ans ; * Encore à ce stade, on peut encore se demander quelle fut la place de la réclame dans tout ça ! Contestation, contestation, d'autant plus qu'on eut comme le sentiment d'une injustice ; * Pourquoi fallut-il que ce fut Coco Chanel qui paya les frais de la clinique ? La beauté doit-elle se mêler de la réparation ? Françoise et Nathalie - Finalement Radiguet, on se l'approprie, au pire le loue à l'instar de tout ce qu'il avait bien pu sonder de sa bouche ambiguë !
"Avec la mort tu te maries."
Françoise - Parole au détenu de la terre, Raymond Radiguet, extrait de "Avec la mort tu te maries" : Nathalie - [...] Les morts que l'on attendait pas Devant le ciel font les cent pas Et leurs âmes sont feuilles mortes Jouets du vent, des quatre vents. [...] Parce qu'au ciel on garde l'âge Que l'on avait en arrivant, Narcisse se donne la mort [...]. Raymond Radiguet Françoise - Auquel se rajoutent les bons mots en sur titrage de Cocteau : " je lui ai quand même donné la manie des inconvenances en échange de la manie de la mort " Jean Cocteau ce qui n'a pas totalement marché, vraisemblablement, puisqu'il n'y a pas plus grande inconvenance que la mort ! FIN DE LA REAPPARITION ! |
C'est avec plaisir et volonté de partage que ce texte se retrouve accessible. Mais toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle de la présente publication, faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée. Avant toute représentation, il est conseillé de demander à Régis Moulu son autorisation et selon les enjeux, de s'informer sur les droits d'auteurs envisageables (utiliser le menu "contact").
Dans cette colonne, 25 PHOTOS DU SPECTACLE prises par Jean-François SANS, photographe professionnel
De gauche à droite : Jacqueline Moralès et Jean-Bernard Thonus (équipe municipale de St-Maur)
Nathalie Capelle
Françoise Boisseau et Nathalie Capelle
Marielle Boucher et Murielle MOREAU (cachée)
Françoise Boisseau et Anne-Marie Darras
Nathalie Capelle
Nathalie Capelle
Nathalie Capelle et Françoise Boisseau
Nathalie Capelle
Nathalie Capelle
Adrien Ballon et Magali Benini
Minh Quyên Pham
François Bernard, Sylvain Therond, un tourneur de pages, Magali Benini (piano), John Lepoultier, Alain-David Valckenaere et Cécile Clouet
François Bernard et Sylvain Theron
Cécile Clouet, Alain-David Valckenaere (basson), François Bernard (flûte), John Lepoultier (cor) et Sylvain Therond (clarinette)
François Bernard, Sylvain Therond, Magali Benini, John Lepoultier, Alain-David Valckenaere (caché) et Cécile Clouet
Christel Sequalino
Nathalie Capelle
formation autour de Clément Duthoit De gauche à droite : Magali benini (piano), Adrien Ballon, Christel Sequalino, Minh Quyên Pham, Cécile Clouet et Raphaël Marais (contrebasse)
Françoise Boisseau et Nathalie Capelle
L'ensemble des intervenants (musiciens et comédiennes)
Anne-Marie Darras (pianiste et coordinatrice des moments musicaux)
Régis Moulu (auteur du texte Présence Radiguet et des adaptations poétiques)
Important Ce travail d'écriture, d'adaptations, de compilation et de citations des relations de Raymond Radiguet est un hommage a l'homme et au phénomène qu'il suscita. Une recherche documentaire a été réalisée ; elle se base sur de nombreux écrits de Raymond Radiguet lui-même et d'article de presse (exemple : Jérôme Garcin), et plus particulièrement sur le formidable travail de Monique Nemer (livre intitulé "Raymond Radiguet") qui a présidé à toute cette écriture. Et si cette création convoque parfois des façons de voir sélectives et orientées, c'est pour mieux souligner l'aspect romanesque et théâtral de cette histoire qui par là même en est intéressante, le sentiment valant pour une mémoire et non pas pour un écart d'intention, une intention toute acquise à la cause d'avoir à rendre honnêtement hommage à Raymond Radiguet. RM |
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