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Les personnes de cette histoire ont existé. Des homonymes encore vivants le prouvent. Cette coïncidence n'a rien de regrettable.
Editions Le Chercheur d'Arbres, 2004 Livre disponible rapidement - Modalités pour son achat.
Claude Lebas et Françoise Boisseau - Festival "Nous n'irons pas à Avignon" à Vitry, juil. 2002 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)
Françoise Boisseau et Laurent Priou - Festival "Nous n'irons pas à Avignon" à Vitry, juil. 2002 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)
Il faudrait enfin qu'après cette pièce, l'intimité ne soit plus l'exclusivité des toilettes. |
Extraits de... L'Huître Décapitée
8ème couche : Cuillères contre spatules.
Françoise est dans ses pensées. Entre Nathalie. Nathalie. - Françoise ? Françoise. - Ah ! Nathalie ! Après que Laurent m'ait informé, je me suis fait une très mauvaise image de toi. Je te le dis parce qu'on est amie. Comme je voudrais qu'on le reste, explique-moi ! Nathalie. - (mon corps est comme un départ de feu de cheminée - trois bûches) Pourquoi m'en veux-tu Françoise ? Et qu'as-tu dans ton sac ? Laurent m'a également prévenue de tes intentions, faudrait pas qu'on éclate ! Françoise. - Des cuillères en bois et des spatules Nathalie, et ça lutte. Si tu touches à notre projet, je serai méchante comme une femelle qui protège ses petits. Laisse donc travailler Laurent au lieu de vouloir le faire disjoncter. Si cela est, tu resteras mon amie préférée, celle à qui je peux confier tous mes doutes. Nathalie. - J'aime Laurent, Françoise, il me passionne, il me désire intimement mais ne m'aime pas. C'est terrible, je ne suis pas son élue, juste une femme et non la femme ! Plus je me rapproche, et plus il s'éloigne. Sa conscience tourne au noir, Françoise, il me ment et son intuition s'assombrit, je le sens seul. Penser à l'aimer ne suffit plus, maintenant il faut l'aimer, je dois l'aimer et je l'aimerai ! Françoise. - Ton projet après le mien, Nathalie, j'ai trop attendue : j'attends depuis que je suis née (les larmes aux yeux) ! Nathalie. - En quoi le tien serait le plus important, Françoise ? Françoise. - Entends bien que depuis que je suis née, je ne pense qu'à moi (elle pleure)… tant je ne m'aime pas. M'offrir cette transformation tant attendue, ce dépassement de soi me comblera. Laurent va m'y aider. Rien ne m'empêchera plus jamais de devenir une beauté référencée. Je veux changer et je vais changer ! Oui, enfin vivre ! Nathalie. - N'aimerais-tu pas Laurent secrètement ? Françoise. - Mais bien sûr que non ! Nathalie. - Et es-tu dépendante de lui ? Françoise. - Non plus ! Mais pourquoi voudrais-tu qu'il ait de moi ce que Claude n'a jamais eu ! Nathalie. - Et pour toi ça veut dire quoi "changer" ? Changer quoi ? Changer comment ? Changer pourquoi ? Françoise. - Me faire transformer, Nathalie ! Que mon corps soit beau et non plus tu par mes mots, je ne sais pas quoi dire de plus… qu'on me regarde en train de me promener ou que je sois enfin plus belle que mes vêtements ! C'est pourtant si simple, Nathalie ! (Elle pleure). Nathalie. - Oui, mais tout va ensemble, Françoise (pleurant avec elle). Allez, sois plus concrète, fais-moi peur ! Françoise. - Non. Montée de pleurs jusqu'à la fin… Nathalie. - Et pourquoi ne serais-tu pas dépressive une bonne fois, y as-tu pensé ? Françoise. - Non, (elle pleure-rit) la vie est ainsi faite, c'est la rançon des exaltés. Tu sais, avec moi, ça a toujours été les grands coefficients de marée ! Nathalie. - Et que dit Claude ? Sais-tu au moins qu'il pense à toi ? Françoise. - Il ne dit plus rien. Attend. Parfois même, je vois qu'il est arrangeant comme si j'étais malade, il croit alors me faire plaisir, c'est pire ! Mais je suis aussi persuadée qu'il sait que je me doute de tout ça. Mon fort caractère ne le trompe pas, et je comprends qu'après autant d'années il ait enfin envie de me toucher et que je réponde à ses attentes… et qu'il puisse me pénétrer. Le pauvre, il m'attend toujours pour qu'on décroche le bonheur ! Je te jure Nathalie qu'après ma transformation, ma première joie sera forcément pour lui, et elle sera grande, et elle jaillira ! Nathalie. - Et moi j'en tremble ! C'est fou qu'on ne puisse jamais savoir ce qui se passe dans la tête des autres, y compris celle de sa meilleure amie. Françoise, ton témoignage restera en moi, et je te prie de croire que je vais le porter. Mais pourquoi ne pas m'en avoir parlé avant ? Françoise. - Parce que tout est plus facile à dire quand on se sait proche d'une nouvelle vie ! Nathalie. - Mais qu'as-tu donc contre le présent ? Françoise. - Qu'il contraigne mon corps, Nathalie ! Nathalie. - Tu es pourtant bien faite parce qu'humaine, Françoise, donc belle ! Françoise. - Non Nathalie : quand je vais vers une fleur, elle se détourne de moi et c'est moi qui jaunis. Je suis sûre qu'elle le dit aux arbres. S'il te plaît, Nathalie, arrêtons tout ça ! arrêtons tout ça ! Nathalie. - Mais qu'as-tu contre ton corps, Françoise, moi je le vois formidable et étonnant ?! Silence de Françoise. Nathalie. - Effectivement, tu ne vas pas bien... il me faut maintenant l'accepter si je ne veux pas être tourmentée. Françoise. - (se calmant) En moi, une seule chose est vraie, mes yeux comme dit Laurent, ils sont les seuls à ne m'avoir jamais trompée. C'est pourquoi, je pars du principe que tout doit leurs plaire, quitte à ce que le reste de mon corps change, et justement il va changer ! Nathalie. - Françoise, déshabille-toi, je te laisse, enlève tout et empaume-toi ! (Sur ce, je pars vers la Papouasie, la larme à l'oeil). Noir. [...] |
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