SAMEDI 2 décembre 2017
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
"Les ingrédients d'une bonne histoire"

Animation : Régis MOULU

Thème : Exhorter les âmes à se mobiliser

... Car l'action nous met en mouvement. Ainsi, motivations, buts, enjeux, objectifs, projets, réponses à un désir autre... pétrissent constamment tout héros. Cette dynamique crée du sens en plus d'être des germes qui fleuriront en joie ou en peine. Et c'est cette mobilisation de nature à faire courir (y compris notre stylo) qui a inspiré nos crânes-pistes d'envol lors de cette séance inédite !

Remarque : au-delà de la contrainte formelle (thème), le sujet suivant a été énoncé en début de séance :Vous faites l'objet d'une confidence ou d'une révélation très singulière qui ne vous laisse pas indifférent...
Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support évoquant comment inventer une mission à fort potentiel a été distribué en ouverture de session.


 

 

 

 

 

Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "La révélation" de Christiane FAURIE

- "Un claquement de volet" de Janine BURGAT

- "Je la guette" de Caroline DALMASSO

- "Contact" de Nadine CHEVALLIER



"La révélation" de Christiane FAURIE


Notre migration vers la France fut chargée d’espoirs incommensurables. Notre vie de misère en Espagne, sous ce soleil brûlant tout sur son passage, allait elle prendre fin ? Mon père, après quelques années passées loin de nous pour nous permettre d’échapper à cette misère dévorante et affamante, nous laissait entrevoir un ailleurs qui nous faisait rêver. Mais il avait emporté avec lui tout son passé en reproduisant dans sa maisonnette toute la misère d’Espagne. Toutes ces années ne lui avaient pas permis d’acquérir le vocabulaire nécessaire à la vie en société mais les gens du village l’aimaient bien leur Pedro, il savait rendre service. Ma mère accueillait cette migration comme une nouvelle épreuve insurmontable et elle se murait dans un silence lourd, impénétrable qui nous laissait si seuls. J’avais douze ans et découvrais l’univers scolaire dont j’avais été écarté dans mon pays où la scolarité n’avait rien d’obligatoire. J’étais plus utile à la maison à m’occuper en tant qu’aînée, de mes deux sœurs cadettes et mon frère encore petit. J’avais vécu mes jeunes années sans cadre, sans langage. Je passais du statut de sauvageonne, permettant à ma famille de se nourrir grâce à la vente de poissons pêchés avec ma grand mère, au statut d’élève. J’étais avide d’apprendre, je ne voulais plus subir cette misère, cette mère absente, sans affect, sans désir. Elle posait son regard vide sur moi comme pour me conjurer de prendre le relai. Je ne supportais plus ces yeux me faisant porter la honte d’avoir à me glisser sous les étals les jours de marché à la recherche de légumes pour la soupe du soir ou de quelques fruits trop mûrs. L’accès à la scolarité me propulsait dans le monde du savoir et du langage. Mon Père rentrait exténué du chantier où il exerçait en tant que maçon. Il partait se coucher dès que la soupe était engloutie, sans un mot. Ma mère était dévastée par un chagrin intarissable. Je n’en comprenais pas l’origine jusqu’au jour où je l’ai entendu évoquer le passé somptueux du grand-père de ma mère, un riche bourgeois qui avait fait fortune dans le commerce des épices. Il légua sa fortune à son fils unique, mon grand père maternel, qui dilapida la fortune et laissa sa veuve et ma mère couvertes de dettes. Ma mère en conçu une rancœur envers tous les hommes en général. Sa mère décida de la marier à un honnête travailleur de sa connaissance, sans qu’il soit question d’amour. On n’en avait pas les moyens. Je comprenais alors les vestiges ça et là dans les placards qui me faisaient voyager dans un monde où les princesses étaient couvertes d’or. Je me prenais à rêver que j’étais l’unique héritière d’une fortune cachée loin, dans une île lointaine que je devrai retrouver. Cette misère accrochée aux murs de cette maison n’était qu’un mauvais rêve, elle ne me concernait pas. Je travaillais d’arrache-pied à l’école pour absorber en quatre années tout le bagage nécessaire à ma vie future, le savoir être, le savoir-faire, les codes, les bonnes manières, les mots pour reconquérir mon statut volé et redonner à ma Mère le sourire. Mon Père me disait souvent « tu as du sang bleu dans les veines, tu iras loin » Il m’encourageait à sa manière. Je haïssais alors ma mère, sa beauté sauvage qu’elle laissait s’évanouir indifférente sans se rebeller. Je voulais m’accaparer cette splendeur. Le soir, dans l’unique chambre où nous nous entassions mes frères et moi, je rêvais du palais où l’on viendrait m’admirer des quatre coins du monde. Je ne voulais pas de cette mère courbée sous la défaite sans rien dire. Je lui en voulais de me soustraire dès mes seize ans à la scolarité pour subvenir aux besoins de la famille. Mon corps était ma seule fortune, je devais le considérer comme tel. J’ai très vite plu aux hommes. J’ai jeté mon dévolu sur celui qui me paraissait, du haut de ses 45 ans solide et désireux de fonder un foyer. Nous avons eu un fils. C’est tout le trésor dont j’ai hérité de cet homme violent, peu soucieux de ce que j’étais. J’ai rapidement décidé d’offrir à mon fils les meilleures écoles privées en travaillant jour et nuit pour faire face à cette charge trop lourde. Je voulais qu’il ait la vie dont j’avais rêvé. Je voulais m’imprégner de son savoir, de sa bonne gestuelle, fréquenter les familles de ses amis. J’ai oublié mes parents très longtemps. Ils portaient en eux cette pauvreté contagieuse, gangréneuse. Je ne voulais pas que David y soit confronté. Une famille de la haute bourgeoisie, en mal d’enfant, m’avait prise à son service et s’évertuait à me donner la bonne éducation de rigueur dans leur milieu. J’ai adopté leurs conseils avisés et peu à peu je me suis transformée. J’avais acquis le goût du luxe. Quand David rentrait le week end, je dressais une table couverte de mets onéreux en me privant toute la semaine du strict nécessaire. Je savais dorénavant sauver les apparences. J’arborais le sourire effronté de celle qui a réussi socialement et un franc parlé qui plaisaient aux hommes que je voulais séduire. Je me tournais alors vers un professeur d’université proche de la retraite et que ma jeunesse séduisait. Nous avons puisé chacun en l’autre ce qui faisait défaut. Il n’y a pas eu de tromperie. Nous nous sommes aimés à notre manière. Il aimait que je l’écoute lire des récits fantastiques qu’il produisait et moi j’aimais ce monde imaginaire dont je me nourrissais. Il m’a initié à l’art, la musique. Tous ces ingrédients étaient indispensables à la reconquête de mes titres.

 

"Un claquement de volet" de Janine BURGAT


Un claquement de volet tire Aurélie Bouchard de sa rêverie. Le café du matin lui relâche aussi bien le corps que l'esprit. C'est en tournant la tête vers la fenêtre et le volet à raccrocher qu'elle la voit remonter l'allée. Elle tire la jambe Ana depuis l'enfance. Mais ce matin elle court en claudiquant. Elle agite les bras. On dirait une mécanique boiteuse. Aurélie ouvre le battant de la fenêtre. Ana a juste posé un châle sur son pyjama et ses bottes. Elle est congestionnée et de sa bouche ne sort rien qu'un appel, mais lequel ? Ana est une boule de nerfs habituellement. Aujourd'hui on soigne les enfants trop bougeons. Mais ce matin Ana est une abeille mouillée qui a perdu et sa boussole et sa ruche. Echevelée, en ébullition, Ana lui fait signe de sortir côté jardinet en faisant le tour de la maison. - "Qu'est-ce qui t'arrives ? demande Aurélie sur le pas de porte en reserrant la ceinture de son peignoir. Ana s'appuie contre le mur et plonge quasiment dans les feuilles rouges de la vigne vierge d'automne. Elle respire trop rapidement. Elle se tient le coeur comme si celui-ci s'échappait. - Tu es allée voir la furieuse ce matin ? demande Ana entre deux respirations. - Oui, dit Amélie, elle est grosse de l'orage. Vu ce qui est tombé cette nuit, c'est normal. - Tu as vu ce qu'elle charrie depuis un moment ? dit Ana. - Au petit jour elle ne charriait qu'elle même. répond Aurélie en haussant légèrement les épaules. - Viens voir, dit Ana, en descendant les marches du perron. Ana et Aurélie sont aussi proches dans la vieillesse qu'elles l'étaient dans l'enfance. Elles ne se dont quittées que quelques années, le temps de leurs amours, de leurs enfants et puis la vie les a rassemblées pour la dernière ligne droite. Celle de la solitude. Pas forcément la plus glorieuse. Ana vit au bout de l'ancien chemin de halage. Née d'un père pêcheur, elle est revenue à la cabane sur pilotis, humide et peu spacieuse. Mais Ana et sa jambe folle semblent s'en accommoder. Ana pêche encore. Assez pour survivre. "Comment faut-il t'appeler, lui a demandé Aurélie un jour, une pêcheuse ? - J'aime mieux pêcheuse que pêcheresse, a ricané Ana. Elles se connaissent si bien et depuis si longtemps, que s'entraider et s'épauler est devenu un lien normal comme un lien de famille quasiment. Les deux vieilles sont comme deux soeurs et le quartier les a même mariées depuis quelques années. Oh ! pas un mariage d'église, non, un mariage de la vie, plutôt, un mariage de raison. Les temps changent. Des sous entendus que l'évolution des moeurs permet aussi. Ca fait rire Aurélie. Qu'importe les idées préconçues, le notaire et la fraterie. Quand la flamme de l'une viendra à s'éteindre, l'autre manquera d'air et sa chandelle s'éteindra elle aussi à son tour. Elles traversent le jardinet et l'excition d'Ana gagne Aurélie. Sa compagne n'est décidément pas dans son état habituel. La rivière coule derrière le jardinet d'Aurélie et emmène le promeneur jusqu'à la cabane sur pilotis d'Ana quelques centaines d'enjambées plus loin. Elles se sont arrêtées. Aurélie écarquille les yeux. La rivière vomit et gronde plus fort qu'à l'aube. - Regarde, dit Ana, autour de la cabane, y en a plein. Ils s'enroulent et s'accrochent autour des pilotis. On dirait des bras. Un moment ils tournent et repartent. Ils vont jusqu'au lac, sûrement. Au premier qui a touché la cabane, j'ai cru qu'elle partait et moi avec. Ca a tout ébranlé. A la surface de l'eau, dans les tourbillons, une multitude d'objets se cognent et s'entrechoquent. L'eau affleure par vagues baveuses et grises jusqu'au plancher de la cabane. Des chaises le ventre en l'air, des bouts de bois hétéroclites, une foule d'objets jonchent les tourbillons. On dirait un ballet. Et même l'ancien chemin de halage a des flaques qui l'inondent petit à petit. - D'où y vient tout ce bazar ? se demande Aurélie à haute voix. On va se faire une sacrée brocante au printemps prochain ma poulette ! - Comment tu peux dire une chose pareille ? Tu vas rigoler aussi quand on va voir passer des gens à la retourne avec le reste ? - Tu exagère toujours, répond Aurélie. Ana frôle toujours le drame dans ses appréciations, ses précisions, son ressenti quand elle raconte. Question de caractère sûrement. Un lit, le sommier retourné passe devant leurs yeux et va se fracasser d'un bloc contre un tronc d'arbre encore chevelu entrainant un grondement sourd d'abord puis des éclats métalliques secs. Les morceaux pulvérisés continenuent leur course au loin. De mémoire Aurélie n'a jamais vu la rivière transformée en train de marchandises broyées. La cabane d'Ana est à la merci d'un objet plus gigantesque mais probable. Que s'est-il passé plus haut en amont ? L'orage a-t-il emporté un quartier entier ? Un secteur ? Des gens ? Aurélie frissonne. - Je sentais bien, dit elle, que ce foutu orage avait quelque chose de mauvais, j'ai même eu peur, tu sais ? - Toi ! Peur de l'orage ? On aura tout vu ! Peur, toi ? Même ça, là, tout ça, t'as même pas l'air concernée ! - J'ai peur pour toi, ma cocotte, et surtout pour ton gourbi, elle ne tiendra pas lontemps ta bicoque. On va charger tes affaires dans ma petite charrette et tu vas squatter mon salon en attendant que la furieuse se calme. - Tu sais bien, dit Ana, que sans le bruit de l'eau, je ne peux pas dormir. - Alors je t'installes dans ma cabane aux outils. Elle est juste derrière la furieuse, elle te tiendra bien encore compagnie. Bien calée avec des coussins dans la brouette, tu vas passer une nuit de rêves ! - Te moque pas de moi, et si la furieuse déborde ? Le jardinet s'en va d'abord et la cabane aux outils suit. - Toi d'abord, dit Aurélie, et moi après avec la maison ! Vive ton optimisme ! - Mais arrête donc, tu vas nous porter la poisse ! - Pourquoi veux tu que l'eau monte encore ? Lève les yeux. Aucun orage à l'horizon. Faut juste savoir ce qui s'est passé plus haut, en ville. Mais primo, on t'évacue. Deuzio on va aux nouvelles, tercio, on casse la croute, faut pas se laisser aller, ça te va comme programme ? Si l'ocre et la rouille de la rivière n'occupaient pas tout l'espace, le cieil de la matinée serait presque bleu. Aurélie regarde Ana s'essuyer furtivement les yeux. Aurélie sent l'émotion monter rapidement en elle aussi. Depuis toujours, quand Ana pleure, Aurélie se redresse et c'est elle qui prend la vie en main. - Allez, vient m'aider à sortir ma charrette, elle est bien assez lourde pour deux, je t'assois dedans et je pousse, tu te rappelles ? D'un coup, Ana ne pleure plus. Soudain, elle a huit ans.

 

"Je la guette" de Caroline DALMASSO

J’la guette. Presque tous les jours. Dès que l’soleil plonge derrière les collines et que l’ouvrage est ach’vé, j’file comme un lapin d’garenne coursé par un r’nard, puis j’l’attends. Mais elle vient pas, ça fait longtemps maint’nant. Bou diou où qu’elle est? De plus la voir ça m’rend fou! Je m’cache même plus quand j’vais dans son coin d’rivière à elle. Je m’pose là, sur la berge, là où qu’elle enlève ses jupons pour aller s’baigner, là où qu’elle s’allonge pour sécher, là où qu’les gouttes glissent sur sa peau et trouvent des ch’mins où qu’j’aim’rais bien aller. Jusqu’à c’qu’elles tombent les gouttes et s’écrasent sur la mousse… Là où c’est arrivé… Et j’l’attends. J’l’attends jusqu’à la nuit, quand les étoiles s’mettent à briller dans l’ciel noir tout là haut. Et puis, quand y en a pas à cause que la brume avale toute la lande, j’l’attends jusqu’à la hulotte qui s’met en chasse, avec ses bruits d’ailes comme du vent et ses cris qui m’foutent les j’tons. Alors, j’vais jusqu’à la ferme, au cas que j’pourrais la voir. Mais j’y vois rien et puis j’entends rien non plus. C’est comme si tous ils étaient morts là d’dans. Sauf qu’ils sont pas morts, y a d’la lumière et puis ça fume dans la ch‘minée et des fois ça sent la soupe aussi. Aujourd’hui à la messe j’ai vu l’vieux à la Germaine, c’est qu’on est dimanche. L’était tout seul avec une sale bobine presque pareil qu’à l’enterr’ment d’sa Blanche. Gris qu’il était, avec des ravins creusés dans la gueule qu’on pourrait s’y perdre. Après la quête, l’est resté assis sur son banc comme il fait jamais. J’ai bien vu qu’il voulait causer à M’sieur l’curé. Ca aussi il fait jamais. Alors j’suis pas sorti avec les autres. Je m’suis caché. Le plus près que j’pouvais. Il parlait pas fort mais j’ai tout entendu quand même: - C’est fichu qui disait l’vieux. Comment que j’va faire? C’est la honte qu’elle m’a apporté dans ma maison. La fout’ dehors, c’est ça qu’j’ai pensé d’abord quand elle dégueulait partout et pis qu’j’ai compris qu’elle avait un bâtard dans l’ventre. C’est qu’une trainée. Mais ma Blanche elle aurait pas voulu ça, ça je l’sais. Alors j’te garde que j’lui ai dit mais tu sors pas d’ici jusqu’à c’qu’le p’tiot y vienne et pis après, on verra. Vous voyez M’sieur l’curé, si les gens du village la voient grosse, c’est l’déshonneur pour not’ famille. - Vous a t’elle dit quelque chose à propos du père de l’enfant? - Rien. J’lai menacé mais rien qu’elle a dit. T’as perdu ta langue en même temps qu’ton honneur que j’lui ai dit mais même pas un cil qu’elle a bougé, même pas qu’elle regrette qu’on dirait ben. Ah, si j’tenais c’salaud qu’a engrossé ma Germaine, y f’rait son d’voir, vous pouvez m’croire M’sieur l’curé, y la marierait… C’est fichu… Qui qu’en voudra maint’nant d’ma Germaine avec un moutard qu’est pas l’sien… Après, j’ai plus rien entendu même qu’ils continuaient à causer. Y avait cette idée qu’était v’nue d’un coup dans ma tête et qui prenait toute la place. La Germaine, c’est moi qu’allais la marier…


"Contact" de Nadine CHEVALLIER


Ce jeudi en fin d'après-midi, la secrétaire de l'accueil avait passé à Pauline un appel téléphonique de son mari. Sa belle-mère avait fait un accident vasculaire cérébral, elle était hospitalisée. Pauline en fut toute retournée. Jacqueline si vive, si énergique, elle ne voulait pas y croire. Et dire que depuis deux semaines, elle rechignait à seulement envisager d'aller au centre commercial pour acheter ce vernis à ongles pailleté que Jacqueline souhaitait pour son anniversaire. Elle se reprochait sa négligence maintenant. Pierre était resté près de sa mère, les médecins ne se prononçaient pas sur le pronostic de récupération, il fallait attendre. Si elle s'en sort, se dit Pauline, je cours lui acheter ce vernis tout de suite ! Pierre avait prévenu qu'il restait à Orléans ce soir : « Tu fais comme d’habitude, va à ta séance de méditation, ça te fera du bien » Alors Pauline se retrouvait ce soir allongée sur son tapis dans le grand gymnase, elle respirait tranquillement, oubliant au mieux Jacqueline et Pierre, se concentrant sur le passage de l'air de son nez à son ventre. J'inspire, j'expire. ... Le souffle s'entend comme un murmure dans les arbres … de l’intérieur du scaphandre. Mais ici pas de végétation, le cratère de poussière grise s'étend autour de moi, baignant dans la pénombre. J'attends quelques instants, un signal me sera donné, je le sais. Ah, voilà le point lumineux sur ma gauche. Je me dirige vers lui, me souviens d'avoir déjà vécu cette situation. La lumière va-t-elle disparaître comme la première fois ? Non, j'arrive jusqu'à elle, déçue que ce ne soit en fait qu'un point brillant comme une luciole, minuscule, comment ai-je pu le voir de là bas ? Mais elle commence à palpiter comme un cœur qui bat, de plus en plus vite, elle me saisit dans un faisceau qui m'hypnotise. J'ai l'impression de tomber vers le haut, de flotter avec ce scaphandre comme une baleine entre deux eaux. Je suis dans un espace sans repère, me sens un peu nauséeuse, mais pas question de vomir dans le scaphandre ! Un cliquetis émerge alors du silence et une voix métallique m'appelle dans une langue étrange que je comprends sans savoir comment,  « - Pauline, dit-elle, bloqués dans ton univers sommes, besoin secours, besoin énergie pour retour. » Je reste sans réaction, sidérée par ce qui vient d'arriver. La voix poursuit : «  - Venons autre dimension. Avons trouvé esprit toi pour secours … Mon esprit ? Je deviens folle ou quoi, pensé-je, tentant vainement de me souvenir où je suis, qui je suis… de me réveiller peut-être … «  - Pas folle toi » reprend la voix. Je m'en alarme car je n'ai pas parlé. Vous lisez dans mon esprit ? Une voix dans mon esprit me demande de l'aide ? Et je ne suis pas folle ? Ça reste à déterminer … « -Pas folle, continue la voix, avons dû faire revenir toi, nous fallait apprendre ton langage. » Mon langage ? Vous lisez dans mon esprit et vous me parlez petit nègre ? La voix semble crépiter comme dans un rire. «  Vérité ! Avons difficulté avec communication de cette forme et multiples langages sur ta planète, pas aide. Pouvons envoyer directement message dans cerveau toi mais peur réaction opposition. » Un message directement dans mon cerveau ? C'est pas ce que vous faites en ce moment ? Vous me manipulez ! Je m'efforce de garder mon sang froid, de respirer calmement. La voix d'un ton très doux reprend : «  Pouvons le faire. T'avons conduit ici de cette façon, trouver caillou bleu ainsi. » Le caillou bleu, c'est vous ?! Je suis abasourdie et excitée à la fois par ce qui arrive, le caillou bleu, j'ai passé des nuits blanches à chercher d'où il venait. Dans ma tête, la voix poursuit : « - Nous avons envoyé caillou bleu vers toi. Avons besoin autres cailloux, plusieurs, pour retour dans notre monde. » - Des cailloux ? Pour voyager ? C'est où votre monde ? - Nous explorateurs mondes parallèles, dirait-on dans ton langage. Accident lors du transfert dimensionnel, perte de notre carburant. Nous avons déterminé que ce que vous appelez cailloux peut remplacer mais nous pas possible venir sur ton monde pour prendre cailloux. Tu vois nous mieux parler ton langage maintenant, grésille la voix dans ma tête. - Mais pourquoi moi ? Répond mon esprit, - Pourquoi ? Tu étais là au bon moment, nous cherchions un esprit vagabond, c'est tombé sur toi, c'est comme ça que vous dites ? Il y avait urgence pour nous. Et la voix répond avant même que j'ai formulé la pensée suivante - Non, nous ne savons pas si tu pourras réussir.Trouver les cailloux, c'est facile mais nous les faire parvenir, plus complexe ce sera. Il faudra … Un choc sur mon épaule, je tombe, j'ouvre les yeux. Francis secoue l'épaule de Pauline. « Décidément Pauline, tu pars dans la lune à chaque séance ? »

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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