SAMEDI 8 mars 2025
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du Nouveau cycle
"Techniques fécondes, tonique faconde"

Animation : Régis MOULU

Thème : Le contrepoint, voire même la rupture, comme stimuli

Ouvrir son texte sur le fait qu'une opposition peut surgir en son sein permet de riches retournements de situation. Au-delà de le doter d'une vision plurielle, il s'agit également de révéler la vie dans toute son étendue, dans toute sa variété, dans toute sa diversité. Ode au sens de l'accueil. Et l'on gagne aussi l'adhésion de son auditoire qui est appelé à se faire son propre avis, quand bien même a-t-il été chahuté par ces coups de volant. C'est ce précieux ressort qui nous amène à « penser large » que nous avons donc armé et détendu au cours de notre séance.

Remarque : au-delà de la contrainte formelle (thème), le sujet suivant a été énoncé en début de séance : Écrire un texte qui recèlera de nombreux contrepoints ou ruptures. Par ailleurs il devra comporter ces 10 mots : blessure - chair - contraire - dos - ennemi - incrusté - métamorphose - oser - palpable - pomme.
Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support recensant notamment tous les contrepoints et coups de théâtre possibles a été distribué en ouverture de session.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):


- "Investir l'autre, c'est être une musique" de Régis MOULU

 



"Investir l'autre, c'est être une musique" de Régis MOULU, animateur de l'atelier


Le texte à lire dont je rêve serait forcément un dialogue parce que le dialogue, c'est deux vies qui tentent de s'additionner. Il y aurait deux sexes différents mais on ne saurait pas lesquels. Oui, car il y aurait du mystère surtout, cette possibilité de ne rien dire au sujet d'un essentiel qu'on ne lâcherait jamais. D'ailleurs, cet essentiel, est-ce le présent ou notre avenir gorgé de passé ? Ce serait ni l'un ni l'autre ou alors quelque chose entre les deux, d'indéfinissable, d'à peine palpable. Le mot qui le désignerait le mieux, ce serait " vertige " : il s'agirait de la sensation d'être pleinement là mais avec l'impossibilité d'y rester vraiment et, en plus, avec la conscience du vide générée par l'air invisible qui est tout autour de nous, " cette pression du rien qui est plein ", c'est très très spécial… À préciser que le vertige, ce n'est pas un coup de casserole sur la tête, non, au contraire, c'est être dans la casserole oubliée sur le feu de nos possibles, et la température monte avec les années qui s'affolent. Et donc, même si on ne dira rien sur l'essentiel, on se douterait tout de même qu'il serait question d'une grande collecte d'amour, c'est-à-dire d'amour sous toutes ses déclinaisons dont sa version qui consiste à lutter contre son synonyme " l'adhésion ", voire pire " l'attachement ", peut-être notre pire ennemie, notre pire brèche, une grande voie d'eau, pas cool, ça coule ! Non, par cet état amoureux, on croirait surtout déclencher et accélérer sa métamorphose. Car en nous tout boue avec la même violence que le vent de la liberté qui nous pousse dans le dos ! Oui tout change, on a plus de soleil en soi, on se rappellerait bien d'ailleurs, tout particulièrement, que la lumière a toujours agrandi tout ce qu'elle touche, et ce serait notre mantra numéro 1. Dans la pomme, il y avait des pépins instables, et en nous, il y avait un " plus que nous " qui advient. À cette occasion, comprendre que le volcan de notre âme n'est jamais éteint. Les deux personnes, deux chairs de golden, se rencontreraient fortuitement pour commencer, premier rendez-vous, premier choc fondateur. Leurs langues se sont muées en silex qui génèrent des constellations d'étincelles, et c'est très beau. À tout moment la langage peut mettre le feu à l'autre, et c'est ce qui se produit tout le temps, corps de braise, on s'embraserait donc plus qu'on s'embrasserait dans cette histoire-là. Et l'on jouerait aussi à celui qui est " le plus étranger à lui-même ", on serait alors " des nouveau-nés sans cesse en train de renaître " comme une blessure qui ne guérirait jamais. On ne saurait pas faire autre chose que " découvrir ", avoir des yeux de ventouse et des boas de doigts qui frétilleraient d'impatience positive ! " Investir l'autre, c'est être une musique, quoi ! ", enfin je crois. Oui, c'est qu'on n'est jamais assez liquide, en effet ! Alors " oser se vider, oser couler, oser se répandre, oser remplir, oser hydrater, oser dialyser, oser oser, oser être la générosité désincarnée " nous travaillerait toute la journée si bien que le soir, on le ferait. Oui, quand le noir ouvre les vannes de l'interprétation, quand " tout " peut être tout et qu'on ne le retient plus dans notre tête, alors on s'inventerait son propre parfum qui aurait par exemple pour base " la fleur des trois désirs ". Il m'est interdit d'en parler, surtout de dire où l'on peut la cueillir, sinon il n'y en aura plus. Ce qui est bien avec la nuit, c'est qu'on n'est pas obligé de fermer les yeux pour ne rien voir … et tout sentir : le parfum de l'autre correspond à son corps qui est déjà là, en somme qui serait là pour toujours si le vent n'existait pas. Emprunt d'éternité. Sous forme de télécadeau, oh yeah ! " Surtout pas d'animaux entre nous, jure-le ! " : la vie est ainsi faite de pactes qu'on défait avec facéties et complicité ! Cette maison qu'on construit dans notre tête, existe-t-elle vraiment ? De passage, des parents meurent ou servent un café, c'est pareil. " Même les légumes du jardin ne viennent pas de notre propre jardin intérieur " se surprirent à penser les deux transpondeurs, ils convinrent que là était le principal drame humain, que faire ? Le pain était incrusté d'inquiétudes, fallait-il retourner la table en faisant un voyage sans date de fin ? Quand nos pensées ne sont plus que poésie saignante, ne risque-t-on pas d'oublier de payer ses impôts ?! Ils voulurent être pauvres comme le sont les " profs de techno " mais s'accrochèrent tout de même à l'idée que tout est richesse y compris la pauvreté. Du coup, ils ne firent rien de définitif ce jour-là. Et pourquoi pas se perdre dans un excès de beauté comme lorsqu'on aime à croire que seul l'esthétisme peut réordonner le monde et la vision qu'on a de lui ? Les jours qui suivirent les nimbèrent de grâce. Si bien que le divin fit son entrée. C'est quoi le divin ? C'est l'espérance dans une peau d'ange qui vole ? Et pan ! toujours ces connards de chasseurs ! On aimerait alors que tout ça reste enfermé dans un film, mais ce ne fut pas le cas. De dépit, l'esprit reprit des cours de gymnastique, se racheta un collant. Une formation suivie avec fanatisme, mais en extérieur, dans la nature, là où la révolution est de rigueur, en continu et très répandue. Mais une révolution en continu, est-ce encore une révolution ? Émus, les deux comparses se transformèrent en " épées de conquête ", par " conquête " il faut entendre " vengeance " à l'endroit de la réalité, ce qui constitue une entreprise bien vaine. Et on en est toujours là. Le texte à lire dont je rêve étant fini, il s'agissait dès lors de le graver sur une tablette que j'oublierais en -2340 en Mésopotamie. Je sellai sur le champ mon cheval.

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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