Ci-après
quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):
- "Investir l'autre, c'est être une musique" de Régis
MOULU
"Investir
l'autre, c'est être une musique" de Régis MOULU,
animateur de l'atelier
Le texte à lire dont je rêve serait forcément un dialogue parce que
le dialogue, c'est deux vies qui tentent de s'additionner. Il y aurait
deux sexes différents mais on ne saurait pas lesquels. Oui, car il y
aurait du mystère surtout, cette possibilité de ne rien dire au sujet
d'un essentiel qu'on ne lâcherait jamais. D'ailleurs, cet essentiel,
est-ce le présent ou notre avenir gorgé de passé ? Ce serait ni l'un
ni l'autre ou alors quelque chose entre les deux, d'indéfinissable,
d'à peine palpable. Le mot qui le désignerait le mieux, ce serait "
vertige " : il s'agirait de la sensation d'être pleinement là mais avec
l'impossibilité d'y rester vraiment et, en plus, avec la conscience
du vide générée par l'air invisible qui est tout autour de nous, " cette
pression du rien qui est plein ", c'est très très spécial… À préciser
que le vertige, ce n'est pas un coup de casserole sur la tête, non,
au contraire, c'est être dans la casserole oubliée sur le feu de nos
possibles, et la température monte avec les années qui s'affolent. Et
donc, même si on ne dira rien sur l'essentiel, on se douterait tout
de même qu'il serait question d'une grande collecte d'amour, c'est-à-dire
d'amour sous toutes ses déclinaisons dont sa version qui consiste à
lutter contre son synonyme " l'adhésion ", voire pire " l'attachement
", peut-être notre pire ennemie, notre pire brèche, une grande voie
d'eau, pas cool, ça coule ! Non, par cet état amoureux, on croirait
surtout déclencher et accélérer sa métamorphose. Car en nous tout boue
avec la même violence que le vent de la liberté qui nous pousse dans
le dos ! Oui tout change, on a plus de soleil en soi, on se rappellerait
bien d'ailleurs, tout particulièrement, que la lumière a toujours agrandi
tout ce qu'elle touche, et ce serait notre mantra numéro 1. Dans la
pomme, il y avait des pépins instables, et en nous, il y avait un "
plus que nous " qui advient. À cette occasion, comprendre que le volcan
de notre âme n'est jamais éteint. Les deux personnes, deux chairs de
golden, se rencontreraient fortuitement pour commencer, premier rendez-vous,
premier choc fondateur. Leurs langues se sont muées en silex qui génèrent
des constellations d'étincelles, et c'est très beau. À tout moment la
langage peut mettre le feu à l'autre, et c'est ce qui se produit tout
le temps, corps de braise, on s'embraserait donc plus qu'on s'embrasserait
dans cette histoire-là. Et l'on jouerait aussi à celui qui est " le
plus étranger à lui-même ", on serait alors " des nouveau-nés sans cesse
en train de renaître " comme une blessure qui ne guérirait jamais. On
ne saurait pas faire autre chose que " découvrir ", avoir des yeux de
ventouse et des boas de doigts qui frétilleraient d'impatience positive
! " Investir l'autre, c'est être une musique, quoi ! ", enfin je crois.
Oui, c'est qu'on n'est jamais assez liquide, en effet ! Alors " oser
se vider, oser couler, oser se répandre, oser remplir, oser hydrater,
oser dialyser, oser oser, oser être la générosité désincarnée " nous
travaillerait toute la journée si bien que le soir, on le ferait. Oui,
quand le noir ouvre les vannes de l'interprétation, quand " tout " peut
être tout et qu'on ne le retient plus dans notre tête, alors on s'inventerait
son propre parfum qui aurait par exemple pour base " la fleur des trois
désirs ". Il m'est interdit d'en parler, surtout de dire où l'on peut
la cueillir, sinon il n'y en aura plus. Ce qui est bien avec la nuit,
c'est qu'on n'est pas obligé de fermer les yeux pour ne rien voir …
et tout sentir : le parfum de l'autre correspond à son corps qui est
déjà là, en somme qui serait là pour toujours si le vent n'existait
pas. Emprunt d'éternité. Sous forme de télécadeau, oh yeah ! " Surtout
pas d'animaux entre nous, jure-le ! " : la vie est ainsi faite de pactes
qu'on défait avec facéties et complicité ! Cette maison qu'on construit
dans notre tête, existe-t-elle vraiment ? De passage, des parents meurent
ou servent un café, c'est pareil. " Même les légumes du jardin ne viennent
pas de notre propre jardin intérieur " se surprirent à penser les deux
transpondeurs, ils convinrent que là était le principal drame humain,
que faire ? Le pain était incrusté d'inquiétudes, fallait-il retourner
la table en faisant un voyage sans date de fin ? Quand nos pensées ne
sont plus que poésie saignante, ne risque-t-on pas d'oublier de payer
ses impôts ?! Ils voulurent être pauvres comme le sont les " profs de
techno " mais s'accrochèrent tout de même à l'idée que tout est richesse
y compris la pauvreté. Du coup, ils ne firent rien de définitif ce jour-là.
Et pourquoi pas se perdre dans un excès de beauté comme lorsqu'on aime
à croire que seul l'esthétisme peut réordonner le monde et la vision
qu'on a de lui ? Les jours qui suivirent les nimbèrent de grâce. Si
bien que le divin fit son entrée. C'est quoi le divin ? C'est l'espérance
dans une peau d'ange qui vole ? Et pan ! toujours ces connards de chasseurs
! On aimerait alors que tout ça reste enfermé dans un film, mais ce
ne fut pas le cas. De dépit, l'esprit reprit des cours de gymnastique,
se racheta un collant. Une formation suivie avec fanatisme, mais en
extérieur, dans la nature, là où la révolution est de rigueur, en continu
et très répandue. Mais une révolution en continu, est-ce encore une
révolution ? Émus, les deux comparses se transformèrent en " épées de
conquête ", par " conquête " il faut entendre " vengeance " à l'endroit
de la réalité, ce qui constitue une entreprise bien vaine. Et on en
est toujours là. Le texte à lire dont je rêve étant fini, il s'agissait
dès lors de le graver sur une tablette que j'oublierais en -2340 en
Mésopotamie. Je sellai sur le champ mon cheval.