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SAMEDI
8 novembre 2025 dans le cadre du Cycle "Techniques fécondes, tonique faconde - année 3" Animation : Régis MOULU Thème : Tout rendre archi-concret Etre
archi-concret pour un écrivain est une véritable qualité
qui ouvre bien des portes. En effet, plus on cherche à être
concret, et plus on se surprend à essayer de saisir des idées,
des images et des mots précis en plus de faire preuve d'une matérialisation
forte. Ainsi le texte produit se dote d'une puissance de convocation inédite
: le lecteur/auditeur adhère plus massivement en étant pris
par les tripes. Dès lors nous avons bénéficié
de cette manne au cours de cette séance-coup de poing. |
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Ci-après
quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):
J'ai adoré cette époque-là. Je vivais, entourée de
poulettes enjôleuses, sur un champ de terre grasse, couvert d'herbes,
entourée d'arbres verts touffus, près d'une rivière dont le doux murmure
m'emplissait d'allégresse. J'étais, je dois le dire sans modestie, le
plus bel élément de la basse cour. Mon propriétaire, un superbe coq
feu et noir aux reflets moirés, avait le cocorico triomphant. Pensez-donc
! Tous les matins, dès que l'aube laiteuse pointait, il faisait se lever
le soleil (j'avoue, à ma grande honte que ce sans vergogne de soleil
se couchait tout seul). Le paysan, tous les jours, affairé, le pas lourd,
venait nous offrir vermisseaux replets et foin odorant. Mes amies volailles
et moi profitions bien de cet environnement idyllique Hélas, comme les
roses, ce bonheur fut éphémère. Un matin, le créateur de mes jours,
mon père, mon bouclier mon armure, fut emmené au loin et tué sauvagement
par celui-là même qui nous apportait tous les jours notre pitance. Et
là, je vécus un drame. On m'arracha sans pitié de son noble croupion,
et on me vendit sans délai à un marchand de plumes, de celles moins
glorieuses, qui permettent à des écrivaillons sans talent de rédiger
leurs historiettes falotes. Sans se soucier une seconde de ma douleur,
on m'arracha violemment mon superbe duvet noir, et, comble de méchanceté,
on tailla mon extrémité en biseau. De plus, surcroit d'humiliation,
on me lia avec d'autres plumes par lot de quatre, et on m'enferma avec
elle dans une boutique poussiéreuse et sombre, dont les vitres auraient
eu bien besoin d'être nettoyées. J'avoue que je passai des moments difficiles.
De ma ferme verdoyante et animée à ce cagibi sans lumière…. Mais, un
jour, la chance me sourit à nouveau. Un jeune garçon, un peu pâle mais
avec des yeux pénétrants, entra dans la boutique et m'acheta. Il s'appelat
Victor. La suite, je crois que vous la connaissez. La Légende des siècles,
les Misérables : c'est moi ! |
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| Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet ! | |