SAMEDI
10 mars 2007
dans le cadre du cycle Animation : Régis MOULU. Auteur
invité :
Thème :
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- "L’or des chiens à l’heure des chiens" de Marie-Odile GUIGNON -"Embarquement immédiat..." d'Angeline LAUNAY - "Global Land, un monde sans soucis ou l'hypermarché du prêt
à vivre" - "Un monde nouveau va-t-il naître ?" d'ARGOPHILHEIN - "Dico" d'Aurélie BOCCARA - "Des chiens pas comme les autres" de Rémi DANO - "Dans le noir, ils luttent contre le gris" de Régis MOULU - "Quand le nez part en croisade" de Janine NOWAK "L’or des chiens à l’heure des chiens" de Marie-Odile GUIGNON Lu dans « Le journal du territoire » La commune de Cabot in Age dans le département de Chenil vient de mettre en place une structure d’emplois innovants. Entrevue avec Monsieur le Maire : Le constat : Le concept : Les emplois nouveaux : Nous avons donc parcouru le cœur de la ville et sa périphérie
et nous avons rencontrés : Le métier de COLURITOLOGISTE serait-il, non seulement un nouveau métier de l’écologie de proximité mais aussi un métier de médiation, de réconciliation sociale ? Un métier d’animation ? Un métier aussi de surveillance bienveillante capable de sécuriser les piétons urbains : du senior au jeune écolier en passant par l’adolescent turbulent ?… Rendez-vous au siège de l’entreprise dans notre prochain numéro : La suite de notre enquête avec les chiffres concernant le nombre d’emplois ainsi crées, la description du travail dans les laboratoires et les diverses applications de ce liquide d’or, ainsi que les interviews auprès des habitants.
"Embarquement immédiat..." d'Angeline LAUNAY Il fut un temps où les humains communiquaient avec les
animaux. Et puis, un jour, ils se rendirent compte qu'ils pouvaient
faire et comprendre plus de choses. La conscience était née… UN SALON DES SENSATIONS Mais tout d'abord, l'accueil et l'ambiance… On pénètre
dans un immense espace dont le sol, les murs et le plafond sont recouverts
de feutrine de couleur verte. Curieusement, on se sent tout de suite
bien d'autant qu'une musique venue d'on ne sait où diffuse ses notes
cristallines. DIS-MOI QUEL EST TON PROBLEME… Tout autour de ce grand vaisseau, sont organisées des
alcôves encadrées de rideaux de diverses couleurs où sont installés
des consultants dont la spécialité est indiquée : ethnologue, psychologue,
sociologue, astrologue, écrivain, musicien, plasticien, magicien. Eh bien justement, à rien ! Car on méconnaît l'importance
du rien… Certains se sont penchés sur ce petit mot pas si vide de sens…
Hugo Pratt n'a-t-il pas élucubré sur " Le désir d'être inutile "… L'éloge
du rien, ce n'est pas rien ! Dans nos sociétés sur-aseptisées où courir après toutes
sortes de chimères est devenu le mot d'ordre de Bigs Brothers virtuels,
le nouveau concept de l'Arche de Noé semble destiné à un avenir prometteur.
Il est né du désir de mener une réflexion approfondie sur la désagrégation
progressive du lien social dans un futur relativement proche. Sauvés par l'Arche ! C'est ce que furent les animaux qui s'y engouffrèrent à l'époque d'un certain déluge… La nouvelle " Arche de Noé " tiendra-t-elle ses promesses ? Pourra-t-elle, au fil du temps, tirer les humains de leur léthargie, les délester de leurs indifférences… afin de les attirer vers le large, là où les instincts retrouvent leurs saveurs d'origine. N'hésitez pas à faire un détour par l'Arche de Noé… Attention ! Embarquement immédiat pour l'aventure intérieure…
"Global Land, un monde sans soucis ou l'hypermarché du prêt à vivre" de SCRIBUS De votre envoyé spécial, Jacky 0'Connor. 8h30, ce samedi matin, Centre ville de Speedland. Tout le monde s'est donné rendez-vous dans la Grand rue, artère principale de la ville pour l'ouverture tant attendue de Global Land, l'hypermarché révolutionnaire du XXIème siècle. Jacques Edouard Global, héritier des supermarchés et hypermarchés du même nom l'avait annoncé en exclusivité à Presse Société il y'a trois mois " nous travaillons à un concept unique et novateur qui sera LE service des services ". Peu d'informations avait filtré, concurrence oblige. Voici en quelques mots la philosophie de cet hypermarché du sans soucis d'après l'interview en direct aujourd'hui même de son concepteur : regroupement d'un panel de services variés dans un même lieu, personnalisation de l'accueil et des services, rapidité, efficacité, connaissances approfondie du client par un fichage, analyse des données et identification morpho numérique. De l'extérieur, un bâtiment aux allures gaudiennes, alvéolé,
aux formes souples. Un client pour le moins satisfait me livre ses impressions " je vais pouvoir gagner beaucoup de temps grâce à Global Land. Après ma journée de travail, plus besoin de courir chez le boucher, l'écailler, et puis aussi de faire des kilomètres pour aller faire réparer ma voiture, ou encore aller chez le coiffeur et rentrer finalement épuisé chez moi et me rendre compte que j'ai oublié le pain. Ici, pas de stress. Je suis identifié dès que j'entre dans le complexe, accueilli par une hôtesse avec qui je fais le bilan de mes besoins alimentaires, matériels, médicaux…elle me rappelle que je dois faire ma visite de contrôle chez l'ophtalmologiste et comme je suis un peu stressé me réserve une séance de massage. Pendant ce temps, un employé s'occupera de mon panier de courses, fera réparer mes bottes et réglera mon contentieux avec mon assurance. Génial, non ? " L'hypermarché comporte sept niveaux, eux-mêmes constitués de dix alvéoles thématiques. Pour faciliter la navigation dans ce grand paquebot, tout est prévu. Une boussole numérique est proposée à chaque client identifié. Le principe est simple : selon votre profil pré-établi et vos besoins, la boussole interactive vous établit une cartographie des alvéoles qui vous sont nécessaires. De plus, pour vous faire gagner du temps, un affichage lumineux vous indique les alvéoles disponibles et vous préconise le circuit le plus rapide. Un service de réservation est aussi disponible sur la boussole. Je croise un jeune citadin stressé et curieux qui vient, lui aussi, découvrir le nouveau concept. Il m'explique qu'il vient de prendre sa carte Global Land et espère trouver un nouveau job grâce à Global job service et aussi trouver une petite amie. En effet, si vous êtes seul, si vous souhaitez refaire votre vie ou simplement agrémenter vos soirées, pas de problèmes, le service Global meeting est là pour satisfaire votre demande. Pour résumer, Global Land est ouvert 24h/24h, vous prend en charge tout au long de votre vie à travers une panoplie de services partant des plus classiques jusqu'à vos besoins les plus essentiels, bien être, développement personnel, sentimental, obsèques, gestions du patrimoine et une multitude d'autres encore (liste disponible à l'accueil de l'hypermarché sur simple demande et sans engagement). Nouveau concept, nouvel eldorado ? Global Land est en
tout cas révolutionnaire en son genre Mais quel type de société va-t-il
générer ?
"Un monde nouveau va-t-il naître ?" d'ARGOPHILHEIN RETRANSCRIPTION D’UN INTERVIEW PAR ARGOPHILHEIN : UN MONDE NOUVEAU VA-T-IL NAITRE ? 9 novembre 2006. Journaliste depuis peu, je cherche le scoop dans la rue. Et j’avise dans un square aux couleurs automnales un SDF qui lit Le Monde, en fait Le Cahier du Monde. Interloqué, je l’approche et bavarde tant et si bien que je décroche son interview. M (c’est son nom) : C’est la première fois qu’un journaliste s’intéresse à un homme de mon rang. le J : Quel est-il ? M : Celui de la France d’en bas, mais j’y tiens, j’appartiens ainsi à quelque chose, à un pourcentage de la population. J’étais Généraliste, mais avec les remboursements dégressfis de la sécu, les mutuelles qui augmentent, les émissions de santé qui informent les patients sur la façon de se soigner au quotidien, plus de médicaments en vente libre, je ne servais plus à rien et gagnait le Smic. J’ai décroché et je n’ai même plus les moyens de faire soigner ma déprime. J : En quoi vous intéresse ce journal ? M : Il est très instructif. Il parle des objets les plus inutiles pour les sans-emploi : les montres et les bijoux-parures. Le temps ne nous est plus compté, nous pouvons le voir filer vers les esthètes fortunés, les collectionneurs, ceux qui veulent se distinguer par des séries limitées, les dames qui veulent avoir un cou et un poignet de reine. Nous, nous ne voulons qu’une chose, essentielle : le respect de la Constitution. Soit du travail pour tous. Et pas du bénévole, du rémunéré qui fait vivre, c’est-à-dire pas le Smic ou le Rmi. J : Mais pourtant, la virilité, la puissance, s’acquièrent avec une montre Zarathoustra, si j’en crois sa pub. (en aparté : je me demande bien ce que la citation de Nietzsche vient faire là ! Les descendants de sa soeur Elizabeth toucheraient-ils des royalties sur les ventes de cet article ?). Et comme sa technique innovante ne lui permet pas d’être détruite, elle rend son possesseur plus fort. Ca ne vous tente pas, d’être plus fort ? M : Cette force là, c’est celle de l’argent salement gagné par un profit excessif qui ne rémunère pas seulement le travail de chacun et le capital des actionnaires, mais qui recouvre l’exploitation maximalisée du travail des autres. C’’est l’esclavage qui perdure, mais qui s’adresse à tous maintenant : blancs, noirs, toucouleurs, un vrai drapeau pour les perdants de la mondialisation. J : Perdants et exclus, c’est pareil pour vous ? ` M : Oui, ce sont des conséquences de la réussite des plus pourris, qui se font nommer les plus compétitifs, les plus motivés. C’est un langage écran employé par les journalistes, les économistes, qui croient développer leur science alors qu’ils participent à la mise à mort d’une partie de la population mondiale. J : Que devons-nous faire ? Ne plus écrire ? Ne plus faire de pub ? M : Que du positif. Bien désigner la pub comme pub, laisser tomber la publicité rédactionnelle au profit des articles de fonds. J : Mais qui va nous payer ? ` M : Baissez vos prix, vous vendrez plus et pas de salaires-privilèges aux membres de la Direction pour rémunérer leurs secrètes connivences. J : Avez-vous d’autres idées ? M : Plein. Et mon copain l’ingénieur-informaticien qui vient d’être licencié de chez A..... remplacé par un indien trois fois moins cher. Grâce aux licenciements massifs de cadres, la France d’en bas a un niveau plutôt élevé et nous sommes nombreux à avoir une nouvelle vision du monde à partager. La voulez-vous ? J : Une vision totale, globale, pas seulement des petits changements ? M : Oui, un système nouveau qui ne revient pas à la charrue à boeufs, qui ne passe pas par le communisme dévoyé de Lénine et Staline, et qui utilise autrement les richesses produites par l’homme. Autre utilisation, autre répartition. Si vous voulez en savoir plus, nommez-moi votre consultant-conseiller en nouvel art de vivre. J : Art ? Alors qu’il s’agit d’emplois, de ressources, de niveau de vie ? M : L’art se crée. Un nouveau mode de vie aussi. Un nouvel art de vivre, c’est du domaine de la création, pas du rebouchage, du rattrapage, du nivelage. C’est une nouvelle façon de penser la vie et de l’agir. AGIR LA VIE, ça parait être un bon slogan , c’est un programme pour laisser librement acter l’énergie qui meut le vivant, lui permettant d’être. J : Pas une vie réduite, déstabilisée, émaculée, comme vous la vivez avec vos compagnons dans la rue ? M : Vous comprenez vite. Venez ce soir avec tous mes copains consultants-conseillers spécialisés, nous ferons un dîner-débat au square du vert-galant, la vue est belle et c’est pas trop fréquenté en ce moment. J : J’y serai, pour un avenir qui ne périra pas avant d’avoir vécu. CHERS LECTEURS : Après cette découverte d’un nouveau monde chez nous, je vous promets de vous tenir informés des péripéties de ce voyage au bout de l’homme, l’homme qui n’est jamais si exténué qu’il ne puisse penser.
"Dico"
d'Aurélie BOCCARA Sofia, Bulgarie. Hier, j'ai rencontré un homme extraordinaire. Il est
traducteur itinérant dans les capitales du monde entier. Il se déplace
dans les rues des capitales de la planète et offre ses services de traducteur
dans n'importe quelle langue aux personnes qui visitent un pays dont
elles ne connaissent pas la langue. Ce qui me frappe chez cet homme, presque sans attaches, c'est sa liberté d'agir, de dire, de s 'exprimer, mais pas seulement en français ou en anglais, comme le commun des mortels, mais en russe, en italien, en tchèque, en hongrois, en portugais… Quelle richesse !!!! Cet homme, à bientôt 90 ans, ne veut pas prendre sa retraite,
car son métier c'est sa vie . On peut alors se demander si une telle
abnégation est de nos jours encore possible. Mais revenons sur ce métier, pour le moins étrange. Ce n'est pas le métier de traducteur qui m 'étonne, mais c'est la capacité à capter les visiteurs et autres touristes, à les intéresser, à les sensibiliser, peut-être aussi à les aimer. Il ne dit rien, mais je vois au fond de son cœur de " jeune homme " qu'il souffre d'être seul, sans épouse, sans enfants, sans petits enfants, bref de se retrouver tout seul dans sa chambre le soir, même s'il a partagé pour le dîner la table de touristes pakistanais. Ce cher monsieur, qui, j'ai oublié de vous le dire s'appelle DICO m'a raconté qu'il voudrait écrire ou participer à l'écriture de guides pour touristes et il en ferait la traduction dans toutes les langues du monde entier…Pourquoi : il voit bien qu'il n'est plus tout jeune et qu'il reste le seul à faire ce métier de " traducteur ambulant ". J'espère sincèrement que son vœu sera exaucé ! Il me vient à l'esprit qu'on peut, un peu comparer, le
métier de journaliste, qui parcourt le monde, de capitale en capitale
à celui qu'exerce DICO. Là aussi, on est dans l'abnégation, là aussi
on est au service des autres, pour DICO au service des touristes et
pour moi au service des lecteurs. Bien évidemment, ma profession et
ma vie en général sont moins aléatoires, mais je pense qu'on est dans
la folie, dans l'extrême. Si je n'avais pas fait du journaliste, on
va dire " planétaire ", je n'aurais jamais rencontré DICO. Je crois que depuis que je suis tout petit, j'ai voulu
exercer le métier de journaliste. Je me rappelle petit, regardant la
télévision ou en écoutant la radio, je disais à mes parents ; " papa,
maman, moi je veux faire comme le monsieur, aller dans le monde entier,
voir plein de pays, sauf ceux où il y a la guerre, car ça me faire,
et aller dans les pays où les enfants sont malheureux ". Mais, même si nous n'avons pas le même âge, notre parcours, nos centres d'intérêt, nos joies, nos peines sont les mêmes ; moi aussi je suis sans attaches, sans enfants. Pour moi, DICO est un SAGE ! comme on peut en " trouver " dans les contrées lointaines de l'ASIE.
"Des
chiens pas comme les autres" de Rémi DANO Une idée novatrice L'affaire ne fait pas encore les unes mais cela pourrait
finalement venir tant l'idée est novatrice. En effet, depuis août 2002,
une entreprise d'un nouveau genre, " Can'idée ", a ouvert ses portes
dans la banlieue parisienne. Des chiens pas comme les autres
"Dans
le noir, ils luttent contre le gris" de Régis MOULU, auteur
animateur Déjà 16 km ! Si vous vous promenez à Paris, vous ne tarderez pas à
voir leur résultat. On les appelle les coloristes du trottoir. Que ce
soit à Opéra, au Châtelet ou Place de l'Odéon, ils ont œuvré partout
! Déjà 16 kilomètres de trottoirs coloriés en une nuit. Un besoin urgent Qui ne s'est pas plaint de l'effet morose qu'ont pris
nos villes ? Voyez tous ces bâtiments gris ou anciennement blancs qui
hantent nos villes ! Qui, après un tel constat, ne pourrait expliquer
qu'il y ait tant de dépressions ? En effet, marcher dans la rue revient
toujours à avaler une succession de gris. Robert, habitant du 5ème arrondissement,
la casquette vissée sur la tête et le nez gros, nous dit " ce n'est
plus possible, je n'arrive même plus à distinguer les pigeons. Je vois
bien que j'ai dû marcher sur l'in d'entre eux. Ma femme aime les bêtes.
Je me suis fait engueuler. Elle m'a dit que j'étais bête. C'est donc
qu'elle m'aime aussi… ". C'est surtout le Maire qui a été grisé Ça fait une semaine que Paris a commencé à changer de
figure. La capitale a mis son fard. Les trottoirs sont gagnés à toute
vitesse par la couleur. Le gris recule. La bonne humeur avance. Une
opération d'une telle envergure a ravi tout le monde. Et interrogé.
Même Monsieur le Maire a bien cru ignorer ce que faisaient ses services.
Or, après une rapide enquête interne, il s'avère… que l'Hôtel de Ville
n'avait rien à avoir avec cette "folle peinturlurade". Qui était donc
à l'origine de ce déversement ? Vous pensez donc, trouver bonne une
idée qu'on croyait venir de soi, et s'apercevoir qu'elle provient de
quelqu'un de non identifié, c'est troublant ! Vexé, Monsieur le Maire
s'est empressé de donner des ordres ! Une plainte a été déposée pour, je cite, "tentative de
maquillage des aires de stationnements interdits". Serait-ce en effet
la fin des bordures jaunes ? "Paris, serait-il enfin libéré… de la confiscation
arbitraire de son espace par les pouvoirs publics" semblent déjà penser
de nombreux Parisiens. Ils ont, on le comprend, aisément l'air réjoui.
Quiconque marche sur un trottoir par exemple vert a effectivement l'air
plus éveillé. Comme jamais, cette réaction spontanée et de masse pourrait
bien faire plier nos politiques et les fonctionnaires les plus zélés,
populisme oblige. Le mode opératoire est toujours le même : cela se passe
la nuit. Avant 3h00. Il paraît qu'en moins de 15 minutes, 1 kilomètre
de trottoir est repeint. Et ils poussent même le vice à y mettre plusieurs
couleurs. " C'est comme une chaussette Kindy à notre réveil, à l'ouverture
de nos persiennes " a déclaré Micheline T., une sexagénaire du quartier
des Halles. L'enquête en cours a permis de recueillir quelques témoignages,
mais ils sont rares et peu précis. La filière portugaise. Parmi eux figurent les taggers. Mais comment peut-on s'insurger
contre quelqu'un qui ne respecte pas le territoire que vous n'avez pas
vous-même respecté ? Yoyog, mineur de 16 ans, le fond de culotte qui
tombe sur les mollets - mode jeans oblige - s'énerve rapidement quand
il nous lance : " ah, yo, c'est comme si nous on pissait sur sa reum
(verlan de "mère") ! ". Ce serait donc une affaire d'identité, d'appartenance,
de reconnaissance d'une expression qui les opposerait au gang des colorieurs.
Bref, pas de quoi émouvoir notre Maire qui a réagi en déclarant : "
à 3h00 du matin, le territoire d'un jeune, c'est son lit ". Mais revenons sur ce que nous avons appris de notre côté.
Car nous en savons plus que la police à ce sujet. Notre gang n'utilise
pas des pinceaux mais de véritables voitures-balais. Ces véhicules sont
utilisés habituellement pour nettoyer les routes et assainir les caniveaux.
L'un d'entre eux répandraient donc la peinture en variant les pots pour
qu'il y ait un subtil mélange de couleurs. Son complice passerait de
suite avec le gros véhicule tandis qu'un tiers serait affecté au démontage-remontage
de tout le mobilier urbain qui empêcherait un camion de passer sur un
trottoir, à savoir : panneaux, poteaux, kiosques à journaux et gros
plots. Aussi incroyable que cela puisse être, bien que minutieux,
ce repeinturlurage précipité présente quelques ratés. En effet, mardi
nuit, un chat de gouttière nommé - et ça ne s'invente pas - "Ouille"
s'est retrouvé bleu en moins de 10 secondes. Autre raté plus polémique : un pied et son mollet d'un
S.D.F. sont devenus vert-pomme. L'homme souffre. Mais c'est surtout
par les railleries de ses amis d'infortune qui l'appellent l'unijambotte
de caoutchouc. A croire que de nouveaux peuples bien étranges risquent
de plus en plus d'animer notre trop assoupie capitale ! Au domaine du
bizarre, ajoutons aussi l'apparition d'herbe rose, de plaques d'égouts
jaunes et de pavés violets ! Une première estimation a permis d'établir que nos faiseurs d'arcs-en-ciel ont utilisé près de 270 pots de peinture de 5 litres. ù trouvent-ils un tel budget ? N'auraient-ils pas de liens évidents avec une entreprise de chimie ? Et après les trottoirs, ne finiraient-ils pas par repeindre chacun de nous ?! Imaginez plutôt la tête de Monsieur le Maire qui, avant de se coucher, mettrait tous les soirs sa cagoule de peur de se voir le lendemain dans le miroir avec une peau de Schtroumf !
"Quand le nez part en croisade" de Janine NOWAK
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Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet ! |